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ISSN 1989-508
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AB. HENRI BREUIL ET RAYMOND LANTIER (0)
Villages. préromains.
de la Pénins.ule Ibérique
(1)
Il, Le Tolmo, à Mlnateda (1\Ibacele)
1. TOPOGRAPHIE GÉNÉRALE (2)
Les vo ies de communication Qui permettent de gagner le littoral
méditerra néen en Quittant les plaines de la Manche et en se glissant
cntre les montagnes crétacées. jurassiques ou triasiques qui la rebordent à ,'Est et au Sud-Est. nc sont pas nombreuses. L'une d'elles
s'étend de Chitlchilla par Yecla, ycrs Alicante et Elche. I.e long de
cette voie naturelle sont échelonnés divers oppida ibériques. dont
le plus important est, sans doute, lIfcCIl, entre Alpera et Ayara, e t
les cé lèbres cerras de los Sa"tas ct de la Cons%don_ On peut en·
core citer de curieux é l abli~scmcnts à El Amareio, il BOllcte et à El
.47abi, près de Yecla.
Une autre voie, également jalonnée de places fortes Ihériques,
descend vers Murcie, par H ellin et Cieza, en su ivant 3 peu près la
trace de l'ancien détroit miocène ct le réseau orographique inférieur
du Rio Munda ct de son affluent , la Rambla deI Moro ou Rio de
Toh:lff3. Le long de cette voie, ou dans son voisinage, se trouvent
des localités qui ont donné dïmportantes trouvai lles ibériques,
comllle Jumilla, Moratalla et Calasparra.
Entre [-Je1Jin ct Agramon, ii Minatcd:l, vers le point où la voie
ferrée de Chin chill a ii Murcie décrit une fo rte courbe ct se dirige
(' ) El pre6ente trabaJo esta. oompuesto desde 1936, cuando se prepa,raba la
publlcaCl6n dtl scgundo volumcn dei Anumo que sale ahara. a. la luz publica..
(1)
Voir: R. Lantier et H. Breuil. .Villages préromains de la Péninsule ibérique. l, La VUla», in utc\"Ue archéologique~. 1930, 1. p. 200-216.
(2) Relevés et photographies exéculés au mols d'octobre 1916 lors de notre
sejow 1\ Minateda.
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RAY,.,IOND lANTIER ET HENRI BREUIL
vcrs le Sud. après avoir été vers l'Est, [es dépôts miocènes. découpés par l'érosion, forment une série de cerros il co ntours escarpés.
de grès plus ou moins molasiques passant, suivant les points, ~ des
"niveaux de conglomérats de galefs de QU:lrlzitc ou de calcaire dur,
ou il des bancs de grès :Issez comp;Jcls ii lits de petits c:lilloux fcrrugincu~. Généralement les bancs de galets de roche dure sc trouvent
il la base des cerros ct presque à niveau de [a plaine.
Celle.ci, qui va en s'élargissant "crs le Nord du c(llé de Hellin .
se resserre vers le Sud, entre des monl:lgnes de plus en plus élevées .
Il y avait là, dès les temps les plus anciens. une sorte de défilé qui
commandait l'accès des plaines de ce tt e partie de la Manche. A
l'Est , la sierra de Cabez:1 Llana limite l'horizon; :1 ses pieds se
.trouvent d'importantes st:ltÎons moustériennes ct, dans [es ravi ns
qui découpent le rebord orÎent:d, sc creusent de nomhreux :; bris
sous roche dont quelques-uns présen ten t d'intéressantes peintures
paléolithiques ct néolithiques, découvertes ct étudiées par Monsieur
l'Abbé Bre uil.
Vers l'Est, la plaine est limitée par la sierra dei Cuchillo et les
ccrros où se creuse la grande cueva Morena. Ces hauteurs s'étendent da ns la direct ion de la haute chaîne de la sierra de las Cabras.
De ce côté égalemen t de la plaine, les vestiges des deux âges de la
pierre ne sont pas rares.
E n aval, vers Agra mon, la plaine, d'abord marécageuse, est bientôt réduite au talweg de la rivière. Au centre de l'amphithéâtre formé par les montagnes que nous venons d'indiquer, mais plus rapproché de la sierra de Cabeza Llana , sc dresse [e Tolmo, haute meset/1
commandant 'la plaine de tous côtés. SB forme est allongée, e t ses
versants presque partout inaccessibles. La partie supér ieure est entièrement occupée par une ville ibériq ue et rom:line.
A l'Est, de l'
dont l'cau non potable, mais excellente pour l' irrigation, sor t de terre par des étangs au' Nord, un peu en arrière du Talma, il existe
deux autre petits cerros satellites, éga lement couvelts de ruines ct
de vestiges.
A [a pointe méridionale du Ta/ma, cn bordure de la plaine cu ltivée, se trouvent de notables reste~ d'habitats roma ins, colonnes.
sarcophages de marbre, inscriptions. Un peu plus à l'Est, en lre le
T olmo ct le village de Minateda, le long de la. route de H elli n ù
Agramon, se rencontrent de nombreux silos antiques et une nécropole ibéri que, en partie bouleversée par des inhuma tions de basse
époque romaine. Leur découverte est due aux travaux de const ruction de la route en 1914-1915.
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VILLAGES PRERO.\lAIè'lS DE LA PENINSULE IBERIQUE
3
Depuis le sommet du Talmo, la vue s'étend, au midi, su r une
plaine d'abord fertile el irrig uée, puis cau\'crte de végétations marécageuses. Un peu au delà du village de Minateda, s'aperçoivent
les quelques maisons de la Horca, avoi sina nt dc~ ol ivettes qui vont
jusqu'à la voie ferrée; ù droite et il gauche de celle-ci, sur des éminences :1 peine sensihles. il ya d'importants vestiges de stations ibériques.
Les paysllns nOlis onl affirmé qu'on y avait découvert des figurines d'animaux cn bronze, et la céramique peinte ibérique, si nbond:lI1te déj:'1 sur le versant oriental du 'l'olmo et:l la nécropole, y a
été recueillie en quantité. On voit même des terres noires qui cn
contiennent dans la coupe de certains canaux d'irri ga tion. Un pcu
plus au Sud encore, au pied des montagnes limitant la va!1ée-- vers
l'Est, des champs appelés Zama contiennent des milliers de tuiles
rorn:1Înes, analogues .1 celles que l'on voit autour des m'lisons ruinées et des sépultures taillécs dans le roc de l'un des pc tits cerros
avoisinant le T a/,lia.
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DESCRIPTION DU TOlMO
Le Talm a, 1l0US l'avons déjà vu, est UIlC lIIcscta étroite et allongée, terminée en promontoire aigu dirigé vers le Sud. s'arrondi ssant
:'1 l'autre extrémité en un lobe à contours, également inaccessibles.
(Pl l, fig. 1).
Nous avons tenté d'en lever un plan topographique avee les moyens rudimentaires dont' nous disposions, c'est-il-dire la boussole et
le pas. JI va, sans dire, dans ces conditions, que les détails de notre
plan ne sont qu'approximatifs . Néanmois, son exactitude est suffisante pour permettre d ' en apprécier d'une façon approchée les di.
mensions réelles et pour que l'on puisse se reconnaître, sans aucune
difficulté, dans notre graplliQue et retrouver, grâce à lui, les vesti.
ges que nous avons pu y repérer.
La dimension de la meseta, d'une extrémité à l'autre, est d'environ 500 mètres. Mais la longueur réelle est supérieu re, la forme
générale étant incurvée assez fortement, avez concavité à l'Ouest.
LES ACCES.-De ce côté: il n'y a que deux accès possibles:
l'un, au Nord-Est, est un escalier, assez rapide, mais relativem ent
f:Jcile. enta ill é ent re deux masses rocheuses (IV) (1) . Un aut re,
(1)
Les chiffres romains renvoient aux sections correspondantes du plan
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RAYMOND LANfiBR ET HoENRJ BREUJL
beaucoup plus difficile, se trouve à environ ]20 mètres de l'éperon
méridional, le long du bord oriental (VII). L", , de nombreux blocs,
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détachés de la bordure de la falaise, ont retenu les terres et permettent de gagner graduellement, par une série d'échelons naturels
et en utilisant quelques corniches, presque le niveau de III mcseta.
Quelques entailles verticales dans le roc ber Cf deux ou trois marchc.> creusées permettaient, quoique difficilement, de gagner la ville.
Ni l'une ni l'aulre de ces "oies n'étaient practicables pour un
nombre considérable de personnes ct, encore moins, pour des chars
ou de la cavalerie. (PL I, fig. 2).
Une :Jutre entrée (Pl. r, fig. 3), la principlde de l'oppidum assurément, était d'une pénétration beaucoup plu s aisée et d'une pente
assez douce pour permettre aux voitures ct :IUX cavaliers d'atteindre
la burface plane où était const ruite la cité.
C'est un ravin orienté de l'Est à l'Ouest qui entaille profondé.
ment le rebord occidental du Talma aux deux tiers de sa longueur
vers le Nord (Xll) . De ce côtè, la rivière était une prémiere défense
naturelle à peu de mètres en av.mt de l'ouverture du vallon. Celu i-ci
fait une hrèche de 30 mètres de large environ dans la falaise inaccessible à droite et il gauche, et d'une extrémité ii l'autre de cc versant. A une dizaine de mètres en retrait de l'angle rocheux que forme la falaise, ti gauche du ravin cn descendant, une puissante muraille, dirigée Nord-Sud, barrait celui-ci. Elle était épaisse d'environ 5 mètres et baute d'environ ,lutant, ainsi que l'on peut en juger
par J'attache qui en subsiste sur la paroi verticale limitant le vallon
vers le Nord. (Pl. l, fig. 4). L':lltache méridionale, moins bien conservée, est cependent encore visible. Dans sa partie centrale, elle est
extrêmement ruinée et se confond en partie avec les terres du vallon. Son :lppareil, est irrégulier: elle était constituée par un noyau
central de pierrailles de petit c:dibre, empntées dans un magma
d'argile durcie. Les revêtement s internes el externes étaient faits de
gros blocs non équarris. On ne distingue pas J'ancienne entrée à
cause de l'état de ruine de 1:1 construction.
Peu en arrière de cette muraille de défense, s'en trouve une seconde moins forte et moins bien conservée. Elle est presque entiérement éboulée.
De nombreuses défenses 11ccessoircs entou rent ce point faible de
l'oppidum. C'est d'abord, flanquant la murai ll e au Sud, une so rte
de bastion naturel de forme arrondie, dominant d'une dizaine de
mètres le pied de l:1 muraille en avant de laquelle il se projetait. Sa
partie supérieure forme une sorte de champignon arrondi de cinq
mè,tres de large, dont le rebord il été aplani sur tout le pourtour sur
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VILLAGES ?RERO.'o\AINS DE LA ?E.NINSU LE IBE.RIQU E
une largeur de 50 centimètres. Cette Ilurface paraît avoir servi de
base à une muraille en pierres sèches. de grandes dimensions. dont
aucun bloc ne subs iste en place, mais qui est probablement l'origine
de plusicurs pierres plus ou .moi ns façonnées Que l'on retrouve
6bouléC1! au picd de la falaise (XlI du plan).
Plusieurs escaliers, séparés les uns des autres par des gradins naturels, permettellt de descendre du' bastion en arrière de [a murail le (XII).
Au dessus du premier, taillée dans le roc, sc trouve une corniche
dominée par une paroi verticale où sc remarque une entaille profonde en forme de croix, d'cnviron 90 centinlètres de h~luleur, sur
une largeu r approximative de 0 m., 30. L'cntaille horizontale se
creuse en arc de cercle, commc si une pièce de bois mobile avait dû
tourner dans cette rainure autour d'tm axe fixé dans l'encoche verticale. 11 est possible que ce soient là les vestiges d'une porte ou
·d'une fermeture (XII).
A e nviron 60 mètres en arrière de la muraille, su r la plate-forme
dominant le vallo n au Sud, très près du fond, se dresse un gro upe
puissant d'édifices, composés dc plusieurs corps de bâtiments, rem:lrQuah les par les entailles de poutres qu'ils ont laissées en arrière
sur la paroi rocheuse et par un mur de très grosses pierres de taille
transversal au vallon. Il s'agi t probablcmcnt là encore d' une cons·
truction défen sive (VIII, IX, X).
En face dc l'escalicr ct dc l'incision cruciforme, à une certaine
h:wte ur sur le flanc rocheux, cinq profondes encoc hes étaie nt destinées ii loger l'extrémité dc madriers disposés cn séries horizont:des.
Un édifice en bois, disparu, existait certainement à cet endroit
(XIII).
LI f:daise (Pl. II, fig. 1), qui borde l'oppidum au Nord .Est, domine de lS à 20 mètres, suivant les endroits, une pente assez douce.
Ell e est creusée de nombreux abris, aujourd'hui comblés de terres,
ou utilisés à nouveau pour adosser des maisonnettes . Sur l'emplacemcnt de la principale d'entre elles, on a gécouvert lan épa is remplissage a rchéologique contenant une immense Quantité de débris
céramiques de divers âges. Il y avait aussi 'des restes de sépu ltures
visigo th iq ues, avec dalles sculptées d' une croix grecq ue. Tout à
cô té, sc trouv:lit l'emplacement, aujourd'hui masqué, d'un moulin
primitif avec canaux creusés dans le roc pOur faire glisser le gr,dn
jusq u'aux meules, dont les débris s'aperc;oiven t e ntre les pierres du
mur constr uit su r son emplaceme nt. Plu s à droite, le creusement
récent d'un réservoir a sectionné un talus de remblais archéologiques où plusieu rs co uches sont visibles. Ce réservoi r cst destiné à
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RAYMOND LAo'HIER ET H-ENRI BREUIL
rècueillir l'eau dévalant des rochers avoisinants et spécialcment de
la hrèche ouverte dans la falaise par l'élargissement, dû aux agents
atmosphériques, d'une fente de la masse rocheuse.
Cette brèche permettait d'accéder sans trop de peine ~ la west'ta; mais les Ibères ont amélioré le passage en y taillant des marches.
Celles-èi se groupent en trois escaliers distincts: l'un vers le bas
monte de gauche :l droite, perpendiculairement •• l'axe de la brèche.
Sa p;lrtie inférieure, récemment découverte. n'est pas encore dégagée des terres (VI du plan).
A'u sommet de cc premier escalier, un autre se dirige vers la
droite et parvient ~ une petite plateforme d'où l'on accède péniblement au millieu de la brèche. Sur le gauche , empruntant le trajet
même de la fissure rocheuse, dans laquelle il s'encaisse et se rétrécit,
est un long ct étroit escalier, coudé vers son milieu, et aux marches
fon irrégulières.
Nous avons déjà décrit précédemment le difficile accès Qui permet d'escalader le rocher ven!> sa pointe méridionale, à environ 120
'mètres sur le Aanc Est. Toute la pente de ce côté est hérissée' de
blocs effondrés ou d'assises rocheuses saillantes permettant d'atteindre le point culminant. De nombreuses grottes ou abris S'y creusaient et s'y creusent encore aujourd'hui. Celles Qui so n habitées
par des troglodytes co nt emporains ont été naturellement vidées.
Elles étaient, comme le sont encore celles qui n'ont pas subi cette
opération, littéralement bourrées de tessons ibériques. Toute la
pente de cc côté jusQu"au niveau de la plaine en est jonchée. On y
recueille aussi passablement de céramique samienne. Il semble que
les habitants de la IIIcseto aient déversé de ce côté leurs gadoues. En
effet, sur les autres versants, on la rencontre en bien moindre importance. Néanmoins. il s'en trouve aussi du côté occidental présentant un caractère beaucoup plus altéré. Les tessons se poursUIvent jusque dans le lit de la rivière Qui les fi charriés .
DESCRIPTION DE LA MESETA.-La m€seta mesure, nous
l'avons dit, SOO mètres de long environ, d'une extrémité:' l'autre.
Elle est divisée en deux partics inégales pac le vallon d'accès et le
couloir qui le continue. La partie septentrion.rle a 250 mèt rer de
longueur sur une largeur maxima de 90 mètres, et sc compose d'une
étroite pllltcforme d'environ 20 à 30 mètres de lllrge, bordant le côté
Nord-Est, et d'une pente assez rapide descendant jusqu'aux à-p ics
limitant le vallon ou jusqu'aux extrémités de celui-ci.
Tout le versant dont nous venons de parler (XIII), est encombré
de ruines de maisons et de vestiges de murailles dans un tel état
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VILLAGES PREROMAINS DE LA' PENINS ULE IBERIQ UE
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d'entassement qu'il est vraiment difficile, sans y pratiquer de fouilles, d'en relever un gra phique et d'en tenter une description. Ce.
pendant, un monument, d'a ssez grandes dimensions et de forme
rectangul:lire, est visible au point culminant de l'extrémité Nord
(XV) . Ces murailles, épaisses d'au moins un mètre, étaient formées
d'un douhle revêtement de grands blocs, avec remplissage intérieur
de blocailles. Une seule partie de son enceinte demeure debout:
c'est un côtè de l'angle septentrional eomposé de sept gr:mdes piero
res dressées en deux files parallèles. Leur e nsembl e a l'aspect for.
luit d'une pelite f!alcric dolméniquc. Il semhle certain Que cet édi.
fice se composait de plusieurs salles. Fn plein Sud, il 30 mètres ...
peu près, toul :'t {ait sur le rebord de l'angle de la fal:lise qui prolan.
ge le eôté Nord du vallon, se rencontrent d'importants vestiges de
grosses murailles cimentées d'époque vraisembl:lblemcnt romaine.
Au Nord, ., environ 35 il 40 mètres, se creuse dans la falaise, une
cavité en forme de grotte élevée. La. dalle supérieure de la meseta
en cons titue le toit, qui est perforé d'un trou, lequel constituait un
danger pour les habitants. Aussi ces derniers ]'on t·ils obstrué par
trois grands blocs allongés, grossièrement équarris, le fermant presque complètement (III).
Entre l'escalier Nord-Est d cette fissure, il r a une distance d'cnviron 155 mètres. Toute celte bordure rocheuse est ent:tillée de
nombreux vestiges, principalement des encast reme nts de maiso ns
dont. notre croquis donne sommairement la forme et l'emplacement
(II. III , IV).
Plus intéressants sont une presse, de nombreuses petites cupules,
une auge d:Jns un gros bloc cubique équarri et tenant ;IU sol, des sor.
tes de canalisations creusées faisant communiquer des espèce~ de ré·
servoirs et un escalier permettant de passer sans peine d'\In gradin
naturel :l un autre. Tout :'t côté l wr \.In bloc, se trouve une encoche
creusée en arc de cercle, inscrivant deux protubérances circulaires
juxtaposées: cela parait être un dispositif de moulin comparable à
celui conservé sur un des petits cerros satellites.
De l'autre côté de l'escalier (entre IV et V du plan) la bordurE
rocheuse continue. On y note, autre les entailles de maisons habituelles, de nombreuses mangeoires cupuliformes, u'ne entaille en
arc de cercle avec de ux trous de poutre qui paraissent avoir été le
point d'appui d'un pressoir en bois, et l'ouverture allongée d'une
citerne profonde ou aljibe, dont les rebords présentent des vestiges
de fermeture en bois et laissent voir les cntailles qui logeaient les
extrémités des lraverses dc bois découvertes. En ce point, on se
trouve à [a part ie supérieure de la pente du vallon descendant au
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RAYMON.o lANTl1'.R ET HENRI BREUIL
ravin d'accès. Celle-ci atteignan t le rebord oriental y fo rme une ensell ure très sensible dans le profil de la fal ai se. Au delà se développe
la seconde moitié de la meseta, qui mesure de ce point à l'extrémité 300 mètres environ. Du même endroit au bastion défendant au
Sud l'e ntrée du vallon d'accès, il y a environ 70 mètres , e t de cc
derni er à la pointe extrême, du prom ontoi re, environ 330 mètres.
Le bord oriental n'est plus rectiligne, mais fo rme une grosse protubérance à 160 mètres de l'escalier Nord-Est. Le bord occiden tal.
au contrai re. dessine une courbe rentrante avec forte concavité sym:étriQue à la protubérance désignée.
Le plan inscrit par ces co ntours cst la région la plus plane de
l' oppidum. Mais, à l'occident, le plateau tombe en gradins ,ISSCZ rapides jusque sur le bord de la falaise. Du côté opposé, la 1lI cscta demeure hor izon tale jusqu'aux ,,-pics. Dans le sens de la longueur, le
vaste tri;mgle. un peu déformé, que dessine cette seconde moi tié de
l' oppidmn, peut se divi ser en trois parti es:
La première, ct la plu s vaste, est limitée ;lU Nord par les pentes
et les gradin s du vallon; au Sud, par une ligne remarquable de stèles des plus régulières (VII et XlV), proven:mt ou d'angles de maisons orientées sensible ment , Sud-Oues t, ou de ch.ambranles de portes. (pl. Il, fig. 3).
La seconde sect ion va de la ligne que nous l'enons de mcn tioner
,) une fort e muraille de même or ientat io n tr:lIlsvers
qui barre co mplétement l'extrémité du promo ntoire méridion:11
(VIII) . (Pl. If , fig. 2). Les ruines de maisons sont accu mulées en lin
indi se rip tible fou illis d,ms ces deux premiers segments. De tous
..:ôtés, au milieu de la jonchée immense des blocs épars, on ent re·
voi t des tro nçons de murai lles :1 fleur de terre et l'on voit se dresser
les stèles. En plusieurs points, soit par ),( disposition de ccs lignes
de stèles, soit D:l r l'amo ncell ement régulier de décombres au vo isinage immédiat de la muraille barrant l'éperon, on peut constater
que tout au moins, plus ieurs files de m..,isons étaient ori entées de
l'Est ù l'Ouest.
Au centre de la flu;;sela et ù l'aboutissement occidental des stèles ,
sc trou vent les restes d'un édifice placé cn un point culminant. Des
fouilles, pratiquées ., diverses époques, en ont déblayé une partie.
On peul voir, grâce à ces excavations, Que l'aPP:lreil en est relative·
ment régu lier ct fait de pierres posées à plat, réunies c t cimentées
entre elles su r une épaisseur de 50 centimètres (XIV).
.
Au Nord de ce mo num ent et à peu de distance (XIV) existen t
les ruines d'un autre de même nature, ou d' une partie de cel ui-ci
dont on ne peut saisir actuell ement la connexion.
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V)L LAGES P:U::RÛ\\\..\INS Df: LA t>ENINS ULE ISËR IQUE
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La muraille défensive barrant J'éperon est parallèle à la ligne de
stèles ct distante d'environ ]00 mètres. Des fouilles anciennes en
ont déblayé une certaine longueur, ce qui permet d'en voir la base,
faite de blocs assez volumineux, disposés les uns horizonta lement,
les autres verticalement, sans aucun ciment pour unir les éléments
cntre eux. Comme dans la plupart des constructions ibériques de
cette localité et d'autres que nous avons pu étud,ier, il existe un
double revêteme nt de gros blocs avec comblement intérieur de picrT:lilles. A en juger par l'amoncellement considérable de matéricux
qui ont été remués par les anciens fouillcurs, 1:1 h3utcur devait en
être assez grande. Elle nc dépasse pas actuellement celle d'un hommc, pour une épaisseur de 3 Ol. 50 et s'incurve légèrement vers le
Nord de so n extrémité orientale.
Revenons maintenant ~ 13 têtc du v3llon, au point où la pente
atteint la hordure Est. En cet endroit, il existe les restes d'un assez
grand monumcnt rectangulaire construit en pierres ~èc hes. Entre
celui-ci et le bombement de la falaise (VI), on remarque un gra nd
nombre d'entaillt:s pratiquées dans la bordure rocheuse et Qui ser·
vaient de base vraisemblablement à des édifices construits en bois.
Elles so nt associées à de nombreux trous circulaires, parfois groupés et creusés à même le roc, qui paraissent avoir été des m3ngeoi.
res. La présence constatée, en certains cas, d'3nneaux perforés dans
la bordure rocheuse pour attacher un animal, ne laisse aucun doute
su r leur signification.
Au voisinage inmédiat de l'édi fice rectangulaire dominant le
haut du vallon est crcusée une sépulture. A peu de distance du
point VI et près des maisons entaillées, on remarque une presse circulaire ~ rainures d'écoulement assez compliquées, aboutissant à un
pet it bassin rectangulaire; non loin de là, une auge circulaire de
très grandes dimensions ct une carrière d'extraction cie pierres de
taille, semblablc à celles, Qui exi~tent sur les petits cerros satellites,
comme en divers points de Meca et au Monte Arabi.
Après avoir p3ssé la muraille en sc dirige3nt vers la point e méri.
dionale, et tout contre l'extrémité orient3le, s'ouvrent deux belles
citernes, voisines J'une de l'autre, avec entailles pour l'encastrement
d'un couve rcle de bois (VIII).
Un peu plus au Sud, est situé un groupe de cinq petits bassins
circulaires; au desflous, sur la plateforme qu'ils dominent. est une
sépult ure e ntaillée tout près de deux auges, l'une presque carrée et
l'autre ronde. Une autre sépulture est creusée le long du bord Est
de la petite plateforme allongée Qui termine le promontoi re. Tout
il J'extrémité de celle-ci, est pratiquée une auge rectangulaire. En
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RAYMOND lANTleR ET HENRI BREU IL
retour, sur la bordùre de la banquette supérieure. on peut nott:r
deux encoches de maisons. Là, un csc:dier, entaillé dans le roc, fa·
cilite [a descente sur la banquette inférieure où sc trouvent une sépulture el une auge circulaire (X-XI).
Dans le prolongement du bord de 1:1 plateformc supérieure.
jusqu'à une distance d'environ 100 mètres de la pointe, existent de
nombreuses et profondes entaille~ de maisons, quelques-u nes il plusieurs piéces et présenumt certaines dispositions singulières, parti.
culièrement des entailles postérieures qui parnÎsscnt avoir été des
çhcminées. Deux escaliers assez larges descendent sur une étroite
corniche revenant le long du bord, vers la pointe en retour contre
la falaise. C'est de son extrémité que l'on peut élUdier convenable·
ment la partie supérieure d'un bloc dét:lché dont nous donnerons ln
description plus loin. Vers l'extrémité de cette corniche deux sépul tures sont façonnées dans des blocs détachés.
Au-delà des escaliers, en se dirigcant le long du rehord occidental de la falaise, on rencontre de nouvelles encoches de maIsons,
deux a uges carrées justaposées, une autre ci rculaire dans un angle
de rocher façonné.
Après une cinquantaine de mèlre.s sans rien de parti cul ier à
signal er, une assez vaste entaille de m.aison à plus ieurs chambres
dont le sol n'est pas à la même hau teur, se trouve placée près du
point XL Elle est suivie de toute une ligne d'entailles analogues,
accompagnée de nombreux vestiges de murailles assez bien conservées.
En arrière des maisons, il existe plusieurs cupules, dont une sur
un bloc carré et un a{jibe, orienté parallélement aux maisons avec
encastrement creusé pour le couvercle.
En se rapprochant de plus cn plus du bastion, après un intervalle d'une dizaine de mètres, les encoches de maisons deviennent
très nombreuses ainsi que les accessoires qui les accompagnent fré·
quemment. Leur sol est souvent :1 plusieurs étages. On remar'q ue
principalement: à I"extrémité méridional e de cette série de maisons,
une belle presse circulaire à rainures palmées, avec canal de déversement, puis juste au-dessous un profond aljibe et de nombreux
bassins ronds ou ovales, parfois avec demi-cupules latérales. Certains de ces bassins sont en communication avec un bord rocheux
par une encoche ou un petit canal.
A l'angle saillant formé par u ne ava nce rocheuse, entre deux encoches de maisons et contigüe à l'un des ces bassins il d éversoi r, se
trouve sculptée en relief et e ntourée de rainures profondes, une
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VILLAGES PRÈRQ'\\.A[NS DI:: LA f>ÈN[1'I~ UIoE [Q.ERIQ U~
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sorle de tête circulaire, avec trou central, Qui paraît avoir fait partie
de l'agencement d'un moulin. (pI. Vll).
Un peu au-de!:'1 sur la plateforme, en arrlere de trois encoches
de maisons séparées l'une de l'autre par des banquettes de roch es
lais sées en place, existe une cuve allongée en forme de sépulture,
mais moins profonde, avec, dans l'axe du fond de la cavité, une
rainure d'écoulement aboutissant à un petit bassin circulaire.
L'extrémité du plateau Qui porte ces derniers vestiges forme un
gradin relativement élevé au-dessus du promontoire s'é.tendant vers
le bastion. TOlite la région comprise entre le ravin d'accès ct la falaise extérieure forme un cap assez étroit dont l'angle iligu est OCCllpé par le bastion. La pente tombe vers celui-ci en Quatre gradins
~uccessifs, séparant autant de plateformes étroites Qui courrent plus
ou moins parallélement au bord méridional du ravin. Des escaliers
ent:lillés permettent de descendre facilement du plus élevé ii celui
qui est inmédiatement :lu-dessous et de celui-ci il un troisième. A
la point~ de cc dernier existent trois bassins circulaires et le rebord
de la roche avoisinante est entaillé en arc de cercle et en rectangle (XII).
Parmi les roches isolées dc la masse générale, trois doivent être
signalées particuliérement :
L'une est sit uée à la pointe Sud et constitue une plateforme à
bords découpés large d'une vingtaine de mètres environ à mi-hauteur entre le pied de la pente et le point culminant du promontoire. Son accès doit se faire d'en bas et cst extrêmement risqué
aujourd'hui. Sur la plateforme de ce bloc Que l'on peut examiner
d'en-haut presque perpendiculairement, on aperçoit les entail les de
plusieurs maisons ct un certain nombre de trous de poufres devant
supporter des édifices plus légers. (Pl. IV, fig. 5).
Les deux autres blocs séparés sc trouvent à l'Est de la pointe méridionale: le premier à environ soixante mètres de celle-ci paraît
s'être détaché postérieurement du bord de la falaise. Deux sépultures y sont creusées (VIII). La seconde roche, située tout juste con·
tre l'escalade difficile Que nous avons signalée, présente ~I sa partie
supérieure une entaille rectangulaire de maison, sans doute destinée
:1 garder et surveiller cet accès.
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223-
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12
RAYMOND LANTIBR ET HENRJ BRI'.U1L
III
DESCRIPTION DES CERROS SATELLITES ET DE LA PLAINE
ENVIRONNANTE
A environ 3(X) mètres :1 l'Ouest du T a/ma et en face de chacune
de ces <.:xtrémités, de J'autre côté du talweg de la rivière, sc IrQu\'c nt
plusieurs petites éminences présentant également des traces d'occupation antique . En face le pont, non loin de la maisanClte placée ~
la rencontre de la roule venant de Hellin :Jvec celle qui passe le
pont, s'avance J'extrémité. arrondie Cl cn pen te douce. d'un plateau
peu élevé. Vers le sommet de cette pente, se trouve isolément, entourée de tessons de poterie antique, une maison ibérique assez bien
conservée, dont malheureusement on était en train d'enlever les
pierres pour des Cûnstructions modernes.
Un peu plus en aval, longée par le route qui se dirige vers Mi·
nateda s'étend une petite colline, en forme de barque renversée,
plus aigüc vers le Nord où elle tombe en gradins à nombreux échelons naturels, plus adoucie vers le Sud où elle s'élargit sensib lement. Celle-ci n'ayant pas à notre connaissance d'appellation propre, nous.la désignerons sous le nom de petit T alma (Pl. lIT, fig. 1).
Vers sa pointe Nord, on rencontre un rema rqu:tbl e moulin à
double éminence, perforée au centre. Un peu au-dessus, sur le bord
d'une banquette, a été creusée une presse très simple Qui domine
elle.même une belle sépulture en auge.
La partie supérieure du cerro, assez plane, est occupée par de
nombreuses maisons. Sur le bord Est et vers le centre, existe une
construction de dimensions plus cons id érab les, dont un des angles
demeure en place (PI. TU, fig. 2\.
La bordure orientale du cerro bien Qu'assez :i pic est peu éle·
vée. De ce cô té, on remarque beaucoup de vestiges d'extraction de
pierres de taille; il y en a également tl l' extrémité méridio nale.
Le versant occidental est beaucoup plus adouci; dcpuis la route
jusqu'assez près du sommet, il est même terreux. Trois gradi ns reslent seulement à gravir pour atteindre le sommet de l'é min ence.
Chacun d'eux est entaillé ·d'escaliers qui ne sont pas placés en face
lell uns des autres. A côté de ce lui du mil ieu, existe une cuve, disposée ii l'aboutissement d'une série de rigoles destinées :1 recueillir
les eaux de pl uie tomba nt sur la plateforme supé ri eure.
Chaque élément d'escalier possède trois marches, la plus basse
a 0 m. 50 de ]acge. IPI. Ill, fig. 3).
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VILLAG ES PRERo'\I.AINS DIE LA PENINSULE I BER IQUE
13
Vers l'extrémité Sud, se trouve une cuvelle large de 0 m. 75, à
['intérieur de laquelle une plus petite est disposée. Des sépultures
existent .lU Sud des habitations (Pl. III, fig. 4-9).
Entre ce monticule et l'autre plus élevé, connu sous le nom de
La Torrecita (pl. IV, fig .. 1). regardant la pointe Sud du Tolmo,
s'étend une plaine légérement vall onnée, dont les terres sont retenues par plusieurs murailles antiques assez bien conservées et divisant la pente très douce qui dévale vers le 1<1!weg en quatre banquettes sinueuses (Pl. IV, fig. 2).
Entre la route et l:t plus élevée de ces banquettes. s'étend un
terre-plein oll la culture découvre fréquemment des c:lvités souterraines :lssez vastes, d:ms lesquelles s'enfoncent parfois les animaux
attelés à la charrue. On nous en a montré plusieurs le long du talus
de la route: le ('aniVe:llt qui la borde laisse voir une série de ces excavations, espacées régulièrement de cinq en cinq mètres. Tout le
terre-plein est littéralement jonché de tessons et de tuiles romaines.
Le c!!rro méridional qui termine cette plateforme ct sc trouve :1
l'aboutissement des murailles qui y serpentent, est d'assez petites
dimensions. D'accès facile au Nord où il forme;) peine quelques
gradins, il tombe brusquement en petites fal:tises vers l'Est et le
Sud. Plusieurs maisonnettes de paysans se son t agglomérées dans
~es anfractuosi!ées, principalement du cô té méridional.
A la pointe Nord sc trouve une auge carrée; :1 huit mètre~ sur
la gauche et au-dessus, sur un gros bloc dominant la plaine, se creu·
se un groupe de cinq sépulteres (pl. V, fig. 3). En co ntinuant le long
de la bordure Est, on remarque un grand nombre d'extractions intéressant toute une banquette. Une esplanade, semblable;' la premiére roche il sépultures, en m.ontre un nouve,lU groupe plus important (Pl. V, fig. 4). De longues rainures de canalisation. ~ont associées à cet ensemble. Au milieu de ces auges funéraires, quelques
unes paraissent avoir un caractère d'utilisation domestique, peutêtre postérieur .
. A cinquante mètres plus loin, sur une roche dominant à peine
les terres cultivées, cinq autres sépultures son t entaillées. En face
du sommet, trois aut res sont encore à noter et six autres, en deux
groupes, avoisinent une bordure éboulée.
Sur le versant Ouest, on voit une entail!e de maison dont la porte s'ouvre il l'Est; :) la pointe Sud, une presse circulaire ct, dans le
voisinage, une sépulture d'enfant; :1 quelque dislnnee, un bassin de
forme ronde avec canaux de dégagement et les restes d'une carrière
,tntique.
Au point culminant du cerro, une masse résistante sc dresse, for.
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R,\YMONO LA~ riEN ET HENRI BRE UIL
mée d'un conglomérat d'argile et de cailloux tassés, caractéristique
des monuments arabes, D'ailleurs l'un de nous a vu, cn 1915, des
fragments de vases :Ir::lbes :) décoration ct :1 inscription en relief.
En rejoignant la 1'0ute:1 partir de La T orrecila et en suivant dans
la direction de Minateda, on arrive bientôt au point où un sentier
la rejoint ;t gauche, venant de la direction de la pointe méridionale
du Tolmo, en passant par une maison isolée qui sert actuellement
de bureau de tabac, On peut constater un léger bombement des
terres labourées, principalement sensible n l'Est et au Sud de la ren_
contre de ce sentier avec la route, Dans les caniveaux ;t droite et à
gauche de la route, tout aux alentours, on peut apercevoir de nombreux débris de poterie et des masses de cendres souvent localisées
en poches, C'est l'empl:tcement de la nécropole ibérique et romai ne de basse époque, en partie détruite par les travaux de nivellement de la route ct partiellement fouillée par don Federico de Motos et l'abbé Breuil en 19J5, Des silos y ont été aussi constatés .
. Après avoir passé devant le jardin, clos de grilles, de la jhlCll de
don Tesifonte Gallego, à la hauteur de la chapelle, il gauche et ~l
peu de distance de la route, sc trouve, très visa'de, formllnt Ull" sail·
lie appréciable au-dessus du sol, un bâtiment rectangulaire de 9 mètres de long sur 4 de large. Les murailles fort ép:lisses sont faites de
cai!loux noyés dans le ciment. Tour autour on relève, dans les terres, un grand nombre de tuiles romaines,
De ce côté, en p:utant de la route, la plaine forme un lllltre gradin soutenu par un mur antique, limitant des terres riches en tessons
grossiers.
Plus au Sud encore, les vestiges cessent, sauf ;[ plusieurs kilomètres, au voisinage de la voie ferrée et :1 la hauteur de La Horca.
Toutefois, sur la route d' Agramon, ~ une assez grande disfance
"près :lvoir contourné les roches qui la bordent au-delà de La I-Jorca, on remarque da ns le talus dominant l'Est, de grands amoncellements de terres noires, riches en débris organiques et toutes pétries
de tessons grossiers à faciès romain et de tuiles. La masse constituée
par ces débris est extrêmement considérable et peut être ['indice
d'une tui!erie d'époque ronuille.
A Mîllateda même, en se dirigeant vers [a ravin qui contourne
en s'y enfoncant le cerro de ('nbc::;(l Llalla, il faut noter quelques
vestiges. Juste en face du célèbre abri peint, actuellement désigné
sous le nom de Las Pil/tl/ras (]), l'abbé Breuil et don Federico de
(1)
Henri BREUil., «Les [>C.lntW'cs l'upest-res do la Péninsule ibérique. XI, Les
Roches peintes de Mlnaleda (Albaceteh, da.n.s cL'AnthopologieJl , t. XXX, 1920,
p. 1-50.
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VILLACES PREROM.A!NS !)E LA PEl'!NSU/..JE !BER!QUE
Hi
Motos ont trouvé:1 fleur de sol, HU milieu d'une flaque de terre noire condensée, le fond cncore intact d'une urne ibérique, dont 1<1
partie supérieure avait été arasée.
Le ravin même qui suit 'porte un nom caractéristique, celui d e
La Mortaja, c'est-il-dire du cercueil. Cette appella tion d'ailleurs impropre provient de l'existance, dans sa p
cavité rectangulaire analogue aux sépultures que nous avons si souvent mentionnées. Mais la façon assez grossière dont cette cuve est
creusée ct ses proportiol1s, relativement plus larges ct plus courtes
que celles des autres sépultures, paraissent indiquer qu'il faut y voir
plutôt un réservoir antique destiné ~ recueillir l'cau filtrant d'une
petite source contigüc.
En escaladant le versant de ce bar-rallco opposé au CerF) de Cabeza LIa/la on accède :l un plateau très étendu qui va au Nord
jusqu'aux ccrros avoisinant la dépression ouverte :1 l'Est do.! la Rillconada dd Callali::.o cl Hal'o. Toutel cetle mcsela est traversée par
des ch.emins antiques se mêlant parfois aux routes de chars moins
anciennes qui empruntent souvent le même trajet. Ces voies ar\liques sc reconnaissent facilement aux profondes rainures tracées
dans le sol rocheux par le passage des ralles. Elles sont entiérement
comparablo.!s aux traces analogues, d'~ge incontestablement ibérique, de l' opp idulII de Mec:!.
Sur le Aanc Nord des hauteurs rocheuses limitant au Sud la RinLOualla dei .. citée, on peut "oir d'énormes restes de carrières, dont
il est difficile de fixer l'âge. Il est probable qu'une partie d'entr.;:
clics soient relati vement récentes et que c'est de 1 qu'on a tiré la
..
pierre de t:lÎlle destinée:) l'edification des monuments et des maisons
de la ville moyenâgeuse de Hellin. Mais, nous serions disposés il
croire qu'une partie au moins de ces carrières pourrait remonter ..
une date plus éloignée.
IV
lA BOURGADE IBÉRIQUE
La rapide description que nous venons de donner des ruines ibériques du l'olmo a.ppelle certaines remarques sur la nature et la disposition intérieure de ces établissèments. Sans atteindre :'i. l'ampleur
des grandes cités contemporaines de Meca ou de Numance, notre
bourgade apparaît dès maintenant comme l'une des plus curieusCoil
et des plus caractéristiques qui aient été explorées jusqu' .. cc jour.
A mesure que se développe la connaissance de la topographie des
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16
RAH\OSO LANTlE.R ET HEN~I BR EU IL
stations pré-romaines de l'Espa.gne, on est amené à distinguer dîffé
ents groupes régionaux assez différents les uns des autres et correspondant il la fois aux matériaux fournis par la nature 'du sol cf auy
habitudes, pastorales ou agricoles, des occupants.
Dans les pays de granit de l'Ouest de la Péninsule, aux va11ées
du Du cro et du Millho , en Estrémadure ct dans b provin<.'C d' .41!ila. tes grandes ci tés sont rares. Le type dominant est celui de ta cit.11I;0, immense es pace de terr:Jin clos par une m uraille naturelle 011
al tificiell e, située sur un éperon rochcux au confluent de deux cours
d'eau, d'otl l'on domin e le cro isement des va11ées et débouché des
pi stes. Il ne semb le pas que l'occupation de <.'C genre d'étahlissements ait été permanente. Les ruines de maisons y sont peu nOlnbrcuses, disséminées en petits groupes auprès des points d'eau ou
dans la partie la plus facile li. défendre. A La Vj{/a (1), près de Solosallcho~ (Avila), c'est ù peine si elles s'étendent su r un cinquième
de la supe rficie totale gu i est de 38 hectares environ . Ces vastes enceintes apparaissent bien plus comme de vastes camps de refuge ('n
cas d'i ncursion de l'ennemi, ou mieux comme des sortes de haltes
échelon nées su r les chemins de transhumance. On remarque en
effet Que presq ue tous ces établisse ments son t si tués sur l~ grandes
pistes suivies de toute antiquité par les pasteurs et leurs troupeaux .
Les vastes espaces couverts de p:Jturages, sans aucune trace de construction s, qui s'étende nt derrière les mur:li ll es, éta ient certainement
destinés au pacage des animaux. II n'est pas jusqu 'au plan des misérables cases, dont les pièces s'o uvrent sur lIne co ur intérieure plutôt
que sur une gra nde salle, q ui ne rappellc le caractère pa sto ral de ces
statio ns. Elles ne so nt pas égalemen t sans présenter cert aines analogies avec les ventas contemporaines éparpillées dans les régions de
transhuma nce . Camps de refuge et ga l/aderias, tel le nous paraît être
la destination d'un très grand nombre de citallias.
Totalement différentes son t les bourgades fortifiées de l' Est et
d u Sud-Est de la Péninsu le. Grâce aux fouilles exécu tées dans les
ru ines des vi llages pré-romains situés aux frontiércs des a nciennes
provinces de Catalogn e et d'Aragon (arrondissements de CaseTes,
Calaceit et Maçalio) (2), aux exp lorati ons des stati ons de Meen (3)
1
(1) R. LANTIER et H . BREUn., cVillages prél'omains de la Péninsule ibérique. l , La Villa., dans cRevue archéologique •• 1930, 1. p . 209-216.
(2) P . Bosch Gl.mpera, cCampanya. arqueologica- de l'Institut d'Estudls Cata·
lans a l IImJt de Catalunya. 1 AmgôI. dans cAnuarl de l'Institut d'Estudis Gnta!an&ll, 1913-1914. p. 819-836: «Les escavaclons en el BaIx Araga •. dans ibid ..
1915-1920, Vol. VI, part n . pag. 642·6'11; «La cUl~ura lbérica. dei Bajo AI"a.g6nJ,
ExpoalciO internat. de Barcelona. 1929.
(3) J . Zua~n y Palaciœ, «Mœn», 1 vol . in·8.0. Madrid, 1916.
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VILLA GES PRERO.'I\.\ INS DE LA PENl t: SULE I Bf.R1QU€
17
et du Tolmo, il est facile de se rendre compte de' l' importance e~ de
la situation de ces villes primitives (1).
Posées su r u" éperon rocheux (Meca), perchées sur un ce-rro
it;olé dans la plaino (Le Tolmo), ou su r une colline (Los Castillares), elles occupent généralement une position stratégique importante. Le sommet de );1 tII cscta sert d'assiette à la vi ll e ou ~ 1:1 bourgade. Les ruines témoignent toutes d'une occupation permanente.
Véritables citadelles, échelonnées le long des principales voies de
communication, elles ont pour mission de surveiller le passage et
de protéger les établissements agricoles épars dans la plaine. Le
Tolmo est un des exemples les plus intéreSS:lnts de ces stations.
A Nr/llrmlee, on découvrit des étables, situées au pied du cerro
de G:uray. Au Tolmo, dans la plaine de Minateda, en face des maisons de La Horca, sur de petites éminenccs domin
ll1<1récages, o n voit encore, il fleur de sol. les ruines de petits hameaux occupés- par une population qui demandait sa subsistance
;IlIX ressources naturelles ct il la culture des terres grasses de la plaine. Dafls les champs qui s'étendent entre les deux petits Tolmo!, de
îlombreux silos so nt destinés à recueillir les céréreales. Enfin sur le
To/mo et le petit Tolmo, à la périphérie on voit de nombreux moulin s et des presses ;) huile ou à vi n. La bo urgade que nous étudions
lJar;IÎt dès lors comme un oppidum à population fixe faisant partie
d'un ensemble d'établissements agricoles dont il ass ure IJ protection.
Le Tolmo et les deux petits cerros voisins forment un ensemble
défensif qui ne diff~re des grand es cités de NI/m(mec et de Mectl que
par les dimensions sensiblement plus restreintes. Isolé:1 l'une des
extrémités de la campagne qui s'étend li ses pieds, c'est un observaloire admirable d 'où il est facile de surveiller tout le p:lys environnant. L po pulation qui occupait cette importante position stratéAI
gique tenait fortement l'un.:! des deux routes qui mettent en communication les plaines de la Manche avec les rivages de la Méditerra née.
L'isolement de ce bloc IOcheux, l'escarpement des versants dressès fi pic au-dessus de la vallée, en font une position facile à défendre Les trilces de fortification que nOliS avons pu relever ne sont
pas nombreuses, mais- présentent de gra ndes analogies avec les p rocédés employes ordinairement par les I bères. De même qu'à Meca,
partou t où l'escarpement des pentes est suffisant pour empêcber
P. Waltz, «Trois villes primitives nouvellemcn~ exploréeS», dans lu «Re·
des Études Anciennes», IX, 1900, pag. 346 et suiv.
(l)
vue
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18
RAYMOND LANT1ER ET HEN:?l BREUIL
Ioule surprise. on n'eût recours il. aucun moyen accessoire de défense C'est ce qUÎ explique Qu'on .. it retrouvé aucune trace de muraille
d'enceinte. Seul le ravin d'accès est barré ptlr un double mur (PI. V,
Ilg. 1), cOllJmandé lui-même par une sorte de hast ion Il:llurel dont
la p:lrlÎc supérieure a été ap[;mÎe pour servir de b:lsC à une tour
;H1jourd 'huÎ disparue (Pl. V, tig. 3-4). F:iisant s:ms donte partie du
même ensemble défensif, un fortin, en partie construit cn bois, formait une sorte de réduit à soix~mlc mètres environ en arrière de la
tour. De semblables dispotifs onl été rencontrés à MeC(!: la gorge
si tuée en facc du Umm de A}'ora cst fermée par une double mumÎIle cl un fortin défend la bréchc :lftificielle, séparant le plateau où
s'élève la ville, de la montagne voisine,
Au 1'011110 ct au petit 1'0/1110, on retrou\'c le dispositif d'escaliers
naturels ou pratiqués de main d'homme (Pl. V, fig. 5) Qui dans les
stations ibériques de Catalogne permet de gagner 1:1 partie supérieure du platcau . Ces escaliers très r:lpides et très étroits, pouvaient
facilement, en cas de surprise, être obstrués par des q uartiers de roch'e. Ils sont encore utilisés pour monter aux différentes plateformes
:1 l'intérieu r de l' oppidum. En résumé le système de défense qu' on
entrevoit dans ces établissements repose uniquement su r t'utilisation judicieuse de moyens naturels ct la co nstructio n n'intervient
Que pour les renforcer ou y suppléer.
l,cs monuments proprement dits ne sont pas nomhreux Depuis
longtelllps, les ruines ayant servi de carrières aux habitants de villages voisins, la plupart des édifices ont disp:ITlI ou sont dans un tcl
état de délabrement Qu'il est presque foujous impossible d'en rcconnaître le plan et encore moins la destinfltion.
Au pdit To'mo.. sur le rebord orient:11 et vers le centre nous
avons décelé l'existence d'une construction de dimensions considér .. bles dont l'un des angles est demeuré en pl:!ce. Ce d.::rnier est
constitué par un pan de roche verticale dressé, form~lnt. la paroi du
Sud ct façonné sur place (pl. lIT, fig. 2). Plusieurs très grands blocs,
verS le midi, y ont été ajoutés:I angle droit. L'ensemble a un aspect
franchement mégalithique.
Au 1'o'mo, un édifice pré-rom .. in :i plusieurs salles, dont la parlie septen trionale seule restée debout, voisine avcc d'épaisses murailles dc construction vraisemblablement romaines.
L' état dans lequel on rencontre les ruines de maisons n 'est malheureusement pas plus satisfaisant. Des murs s'éleva nt :! peine de
Quelques centimètres au-dessus de niveau du sol, des lignes de blocs
dressés qui furent les chambranles des portes ou les angles des mutailles, voilà tout cc qui reste aujourd'hui de ln bourgade ibérique .
•
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VILLAGES PRERO.\\A1NS DE LA PEN INSUIJE lBF.P.IQ UE
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Les ruines d'habil:ltions sonl groupées IIU Talma, clans la partie
Nord-Est, nu centre de hl mcst'/a ct ~ l'extrémité méridionale. Au
Petit Tolm o. on les rencon tre sur les différentes banquetles et IIU
( erra de la Torr ecita dans le voisinage des habitations modernes.
Mnis nulle part, il n'est f;Jrile de retrouver le plan de l'aggloméralio n primitive. Cependant, il semble que, dans la partie orien tal e
du Tolmo, l'ensemble des construc tions ~1Î( formé des rues paralléks orientées Est-Ouest. C'est cc que l' on peut conclu re cie 1<1 direc.
lion des lignes de stèles dont nOlis venons de parler.
L'ensemble de ces cases peut sc classer en deux groupes d'après
le mode de construction. Les plu s nombreuses ont un plan recta ng:ulaire ct se composent généralement de plusieurs pièces. Un exemplaire assez bien conservé du petit Tolmo mesure douze mètres de
longueur sur quatre de [:1rgeur et comprend deux pièces l'inégales
dimensions . Sur l'un des petits côtés s'ouvre une logette d'un mèIre cinqu~mte. I.es muraill es sont f:lites d'une double paroi en pierl'CS sèches dont l'intervalle est rempli par un blocage de lerre ct de
petits cailloux. De place en placc, de larges d:1l1es pl:1tes, de la lar/.leur de la doubl e mu raille, assurent 1:1 cohésion des matériaux. Il
semble que la majorité des maisons situées e n dehors de la banquette rocheuse du grand 'l'olmo :lppartiennenl all même type, qui
n'est pa s sans prése nter cie grandes ana logies avec les caSl!S décoll vertes dans les fouilles de Numance.
Le second groupement est constitué p:1r des m}lisons, entièrement
ou en p:lrtie ent aillées dan s [a bordure rocheuse de l:1 llIC.~cta. f ,c
plan est loin d'ê-tre :tllssi régulier que dans les édifices précédents.
Souven t on ne distingue qu'une seule pièce, deux tout IIU plus sé·
p;lrées l'une de l'autre par un petit mur en pierres sèches. Une mai so n de plan assez curieux :1 été explorée par nous au cerro de La
Torreciill. Elle est entaill ée dans la roche ii une profondeur d'envi ron soixante centimètres et se compose de deux corps de biÎtiments.
[.'un d'eux est presque reCI:lngu[aire et communique avec une pièce
.:a rrée située sur le côté. Celle-cÎ est précédée d'une snlle semblable
"
de deux mètres de largeur environ. Un mur de pierrai11es aujourd'
hui disparu, fermait le eôté extérieur de la grande pièce rectangulaire par laque!le il semble que l'on devait pénétrer dans l'habitation. Des maison s modernes édifiées sur l' emplacement de la consIruclion nous ont empêché d'en relever le plan exact.
Il faut rattach er à cet ensemb le un certain nombre de billisscs en
bois totalement disparues e t qui n'ont laissé d'autres traces Que les
trous cresés dans le sol pour recevoir les madriers.
A la tête du ravin d'accès, un peu en arrière de ['édifice pré-rQ-
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20
RAY"\OKD LA:-niBR ET HENRi BREU IL
main de forme triangulaire, un gr
aombrcux trous circulaires ( P I. VI I , fig. S. 7. 9,12.13 y 1- . parfois
1)
grou pés ct creusés à même le roc, qui p:l raisscn t ~l\ro ir été des ma ngeo ires. J,a présence, constatée cn certains cas d'annc;lux perforés
dans [a bordure rocheuse pour att:lc her un animal, ne laisse aucun
doute sur !
de constructions en bois qui ont servi d'écuries ou d'ét:'lbles .
De très nombreux vestiges de rlwngcoircs ou de bass ins dest inés
:'t :Ibreuvcr Je bétail on t été ret rouvés sur 1 bordure exté,Îe ure des
;1
cerros. Génér:d ement CC!! excav:l! iorls sont creusées ~ mê me le roc.
Il n'cst pas rare de rencontrer des traces d'anneaux d'a tt ac he sem "
blables i't ceux du ravin. La profondeur de ces ma ngeoires ou abreuvoirs varie en tre vingt ct tren te centimè tres ct leurs dimen sions peu vent parfois :.ltteindre I m ,50 sur Jm , lû.
I l est à remarquer que ces mangeoires de même que les citernes,
moulins ou pressoi rs que nOLIs avons découverts, sont toujours situ és sur le rebord des ceT/OS 11 y avait là dans l'antiq uité u ne suite
de bâ.timents d'exploi tation agricole , étahles, pressoi rs, mo ulins
aujourd'hui disparus, très nettement séparés de l'espace occupé par
les hab itations de la bourgadc.
Sur [a banqueue rocheuse, parmi les rui nes des ma isons, on
aperçoit de place en place de profo ndes exc:l\':lIions su r la significati on desquelles on n'est p:IS encore fixé. C'es t l'une des caractéristiques de ces établissements pré-romains. Elles ont pu indifféramment servir de citernes ou de silos pour co nse rver les grains. Celles
du 1'0/"/110 ne difîérent pas de celles rencontrées à lIfeca. Ce sont d e
p rofondes cavités à étroite ouverture qui vont en s' élargissant dès
qu'ou a atteint 1" croûte argileuse qu i forme la masse interne d u
t:crro . Ce son t de véritables chamb res souterraines . NOliS n' avons
pu ma lheureusement, fau te de temps et de moyens m atériels, explo rer l'un de ces silos, au jourd'hui entiérement comb lés. Dans un certilin nombre de cas, le rebord extérieur de· ces cavités étai t entaillé
s ur une vi ngtaine de centimètres de largeur de façon à forme r une
;ainure dans laquelle venait s'emboîter un couvercle de bois . L 'une
d'elle, situé~ dans la partie No rd-Est du To/m o, montre deux peti tes e ncoches de chaque côté du rebord entai llé pour l'encas treme nt
des pout relles d u couvercle.
Quelque soit la destination préc ise de ces excavat io ns, il n'en
reste pas moi ns qu'on obsef\'c :l la s urface des ccrros les traces de
canalisations qui témoigne nt du souci qu'avaient les hab itan ts de la
hourgade d e recuei llir, avec tout le soin possible, les eaux de ru is-
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VlLLAG'ES
P~ERO:rtArNS [)E
LA
PENrNS U ~ . rBERrQl'E
21
selJement. Le cas n'est pas douteux pour deux larges rigoles qui
viennent se déverser dans un bassin rectangu laire de un mètre sur
quarante centimclres, ;IU cerro de La T orrecila. Toutefois. il faut
agir avec beaucoup de prudence da ns l'interprétation de ces canali sa tions, un grand nombre sc trouvant d:ms le voisinage de pressoirs
o nt pu servÎr uni qucmenl à recueillir les liquides obtenus par ces
appareils.
Ces pressoirs (pI. VI, Hg. J, ct VII, fig. 1-4) rencontrés en plusieurs points de la périphérie du petit 1'01,110 el du Tolmo sont
dssurément la trouv:1ille la plus intéress:1n te qu'il nous à été donnée
de faire dans cct établissement. Les spécimens que nous avons ren contrés rappellent les modèles découverts dans la région méditerranéenne .
A même le roc, on prépare une surf:Jce plane qui sert de table au
pressoir. En son milieu sc creuse une rigole ci rculaire. à l"intérieur
de laquelle s'inscrivent six petites rigoles disposées en étoiles, tou tes abo,!tissant il un bec co mmun d'écoulement. Le bassin Que l'on
trouve généralement dans ces sortes d'appareils manque ici. Le
premier écrasement des olives une fois obtenu, les résidus étaient
enfermés dans des couffins ou des sacs de toile et soumis ,1 l'action
de la presse. Le pressoir que nous décrivons était actionné au moyen de deux leviers prenant leur point d'appui dans les deux encoches pratiquées en lirrière de la presse. La pression était obtenue
par des blocs de pierre dont on chargeait les leviers de bois.
La figare 3 de la planche VII montre une presse semb lable . La
table du pressoir est entaillée de rigoles disposées en palmettes in scrites dan s une conduite circulaire, toutes aboutissant ~ un bec
commun de déversement. La figure 4 présente une table de pressoir
d'un modèle plus simplifié: dans une sorte de cuve rect:lngulaire
trois rigoles sont disposées en éventail ct viennent sc déverser dans
un petit canal d'écoulement. Dans la même catégorie, il faut placer
une sorte de meule dormante, pareille à celle signa lée à El GllTce/,
par M. Siret (1): dans une caviti· hémisphérique de deux mètres de
longueur est creusée une grosse cupule, prolongée par une rigole,
mais sans aboutissement au bord"Qui se mble destinée à recueillir le
liquide obtenu par le pressage des fruits dans la cupule.
Enfin dans certains cas, 1:1 table du pressoir n'est entaillée que
d'une simple rigole en forme de coeur. Un certain nombre de groupes de petites cupules, entourées de canalisations creusées à même
(1) L. Siret. cL·Espagne préhistoriqueJl, dans .Rev. des questions sclentjftqUC5Jl, p_ 513. fig. 125. (Tirage a part).
-
233-
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22
RAYMOND LANTlER ET HENRI BREUIL
I~ roc, peuvent également avoir servi de presses primitivc~ Les olives disposées dans des couffins ét.lÎent alors soumises :1 la preSSion
de grosses pierres sans .wcun moyen mécaniQuc. Nous avons vu lors
de notre exploration des ruin es, un pressoir :1 vin moderne dans lequel les raisins, entassés sur une I:Jrge dalle a rebords, ét:lÎent silllplement pressés p:lr une pl:lIlche supportant des qU:lrtiers de roche,
Les quatre moulins, dont les ruines se voient au petit Tolmo et
dans la hourg:lde principale, sont du même type que le IrapctllHl
romain, mais plus simplifié. T:lillés :1 lpême le roc, ils se composcnt
essentiellement d'une auge circulaire au milieu de laqtldle se dresse
une petite colonne destin'ée :1 supporter la meule. C'est le type classique du moulin :1 broyer les olives (Pl. VII, fig. 5, 8 y 9).
Si ['exploration du l'olmo ct des ccrros voisins a fourni de nombreux vestiges de constructions et d'appareils de toute nature, il
n'en est malheureusement pas de même pour le mobilier ~irchéolo
gique, Celui -ci est très pauvre, C'est;) peine si l'o n peul mentionner quelques monn.lÎes ibériques Irop fru stes pour pOl!voi~ être déterminées; une petite pince et une oreille votive de hronze. Sur
l'empl'lcemen t de la nécropole ibérique nous avons recueilli une
petite tête de chèvre en onyx hrisée.
P:1f contre les fragments de céramique ibérique peinte son! excessivement nombreux. On Jc~ rencontre ~ profusion dans le cimetière, principalement dans les silos d isposés au milieu des tombes ct
sur les pentes orient
grands et moyens vases il large panse; cruches il visage; coupes il
pÎed; assiettes. Ces tessons sont parfois mêlés :1 des débris de céramique grecque ;1 fond noir et il des restes de poterie rOI1l
toute n:lture. Presque tous ces vases ont été recueillis en morceaux.
La plupart montrent une déeor
de ccrcles concentriques ou de secteurs de cercles disposés de certaines f:lçons, se recoupant ou formant des dessins qui rappellent la
bipenne (fig. 2,,,, 12, 15, 16), Des lignes ondées se mélan.!:(ent ?t des
combinaisons de lignes brisées ct de cercles remplis de ponctuations
(fig. 2,,, 13). Le décor Aoral et végétal est largement représenté
(fig. 2.-, 6, 7, 8, Q, 10, 11, 14). Les animaux apparaisent sur plusieurs
fragmenh sous la forme d'oiseaux qui présen tent de grandes analogies llveL ceux reproduit~ sur les vases d'Elche (fig. 2.\ 3, 4, 5). L:l
figure humaine est rare, un torse est pCllt-être figuré dans le fragment n. ~ ] de la fig, 2,a.
Toute cette cér:lmique qui, par loi richeusse et la variété du décor
appartient au groupe du Sud de l'Espagne (provinces d'Alicante,
-
2M-
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vrLL,\GES
P~ERO,\oI.ArN'5
DE LA PEf'!f\SULE rBERIQUE
23
Murcie, Albacete) (1) est parfois revêtue d'un enduit rouge partiel
peint sur le noir de la pâte. Le plus so uvent clic est couverte d'une
teinte crème. Les trails cl peintures S'y superposent alors en rouge
ou brun rouge. Q uand les vases ont été recuits, la terre devient gr ise
e Lla peinture noirâtre.
Deux tessons appartiennent à un groupe différent, qui rappelle
celui d e NI/mat/ce. Le premier montre une tête d'animal fantastique, dragon ou lion, au cou percé de nèches attaqué par un cavalier. Les pattes antérieures du t:hev,,1 sont seu les visibles dans le
coin opposé (fig. 2.\ 17) le deuxième fragment porte une jambe de
c
En plus de ces fragments peints, on a recueilli d'innombrables
tessons de poterie grossière de couleur grise, d:ms laquelle sont méI:mgés de petits gr
La céramique peinte est actuellement le seul indice chrono log ique qu'on possède pour fixer les dates extrêmes de la station préromaine .du TollllO. On sait en effet que ces vases étaient en usage
dans ces régions depuis les dernières années du V.lrne siècle avant
J. C. La présence de fragments de style numantin permet de faire
descendrc ces dates jusque vcrs le dernier quart du second siècle,
s'est-:i-dire jusqu'à la conquête romaine. A cette époque le Talma
a certainement suh'i les destinées des éfablissements VOISIOS, mars
son occupation ne cesse cependant pas avec l' arrivée des Romains.
On en a pour preuves la présence de murs cimen tés rencontrés en
divers points de l'oppidulli ct les débris de tuiles ct de briq ues roma ines, qui couvrent le sol des petits Tolmos ct des lomtJ.~ répandues dans la plaine. lis semblent cependant que les cerr)s furent
:lbandonnés en partie ct les habitants eontrnints de s'étab lir dans la
plaine de Minateda Le To/mo, à dater de cc jour, semble réduit à
un rôle purement jl;tratégique de gardien du passage et de surveillance des populations indigènes.
Le pillage des sépultures creusées dans le rocher des petits Talmas ne permet pas de leur :Iftribuer une date précise. li est hors de
doute cependant que ces inhumations appartiennent à l'époque ra(1) E. VARELA HERVIAS, «Ceram1ca. ibérica de El Tolmo de MJnateda»,
dans «ReviSta de archlv06, blblloteca.s y musoos», 1918, p. 382-391La presence des deux tessons à décor de type nwnantin, tend à prouver la
liaison entre le groupe oriental de la céramique ibérique et le foyer numantln.
Cette constatation est d'autant plus intéressante que M. P. Bosch Glmpera
(<
Bas-A.ragon.
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RA YMOND I.A NT!E.R ET HENRI BREUIL
maine ct témoignent de l'abando n il cette époq ue des petits cerros
en tant qu'habi tat io ns. Ce sont des fosses rec tangul aires dont la largeur V:I en diminu:10 1 d'une extrémité il l'autre (Pl. VI, fig. 7, JO).
Quelques unes présen ten t cette particularité de porter ~ la h:lUteur
de la têt e une petite cavité rect~lllg ulair e destinée Il recevoir le vase
?t offrandes (Pl. 111 , fig. 4,5). Les sépu ltu res parfois isolées, sont
le plus souvent réu nies par grou pes de tro is, quatre ou ci nq (pl. IV ,
fig. 3, 4).
U n déblaiement méthod ique des ruines po urrait seul donner des
précisions su r l'impo rtance et la nature des const ructi ons romaines
des cerras. Toutefois , 011 n'y retrouve au cu n de ces aménagem ents
de caractère romain q u'on rentontre ;\ chaque pas sur l'em placeme nt de Numance.
D:lOs la plain e les ru ines romaines se superposent aux débris ibériques, do nt e lles sont parfois sépa rées p(lr une couc he de cend res.
Les établisseme nts rom:tins furcll! eux-mêmes détruits par un incendie . Au pi ed même du T ohllo, dans le jardin de la prop ri été de don
'José Serra, on a trouvé une inscription funéraire latin e ct les fragments d'un sa rcophage décoré de strigi les ct de petits perso nnages
d o nt les pieds seu ls so nt visibles. Des stèlés funéra ires décorées de
rouelles avec rosace centra le su r les cô tés o nt été recueillies sur le
même emp lacement.
Aucun ind ice certain ne permet de con naître la dalc ù I:lquelle il
faut pl:Jce r la ruin e définitive de la bourga de. Si tuée sur l'un e des
grandes routes qui mellent en communication l' intérieur du pa ys
avec la Méditerranée, ellc était sur le che min des invas ions qui désolèrent la Péninsule :1 part ir d u I V3 me siècle après J. C. E lle fut
ucupéc par des groupes wisigothiques c t arabes q ui ont laissé des
traces de leur passage au Tof.mo. Parmi les ruines, on a recueilli
plusieurs dalles orn ées de la croix wi sigot hi que (pL VI, fig. 5) et les
restes d' un grand vase arabe décoré de mot ifs e n relief.
P;lr sa situation topographique auss i bien que par 1:1 disposition
générale c t l'amén agement intérieur des édifices, l'ense mble des éta bl isse ments dcs arias ct de la plaine présen te les pl us gra ndes analogies avec les nombreux villageS' ct bourg:l des ibériques àe la province d'Alba cete . C'était ['habitat de populations qui tiraient des
ressou rces du sol leurs moyens d'existence. L'oppidutll du T olmo
était il la fo is le centre éco nomique du pays ct le refuge où venaient
chercher protection les habita nts de la région. L:I, pro tégés par l'escarpement des pentes, s'abri taie nt les greniers :1 céréales et les pressoirs .) o lives.
Celtc disposition de m:lgasins ct d'industrie~ qui demandent une
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VILLAGES l'RËROMArNS M
LA PI'~NI!'IS U LE ISe: P.H}uoE
25
installation fixe et ne se soucient pas de s'exposer aux hasards des
. brig:mdages ou de la guerre n'est pas particulière:. ta Péninsule, on
la retrouve en plusieurs autres points du bassin de la Méditerranée.
A Emporia (Calymnie), MM. Paton Myres (1) o nt exploré les rui·
nes d'une forteresse hellénique, contemporaine de l'oppidum du
T alma. Dans le principal enclos, on découvrit u ne presse à huile
a nalogo.à celles que nous venons de décri re . Le fortin, vu l'exigiiité
de ses dimensio ns 3v3il à peine pu servir d'hnbit:ltion ct avait eu
évidemment pour but principal la protecti on de l'huilerie.
Contre le rempart d'une enceinte tout.à.fait analogue, :1.Meulé.
ché (Carie), une huilerie antique a été découvl?rte (2). Ces trouvail·
les donnent également l'explication de ce rt3ines constructions de
la région de Sétif. A Guclt·Zerga, au sommet d'une éminence, un
ensemble de bâtiments de formc_ rectangulaire, mi-forteresse, mi.
· bârise rurale, abrite des presses à huile. A KllCrbct-err'ibha une ruiIle importante montre des dispositions ident iques (3).
La présence en Espagne d'établissements semblables (4) est d'un
grand interêt pour l'histoire de la civilisation de La Tèno dans le
bassin de la Méditerranée, C'est un exemple de plus en faveur de la
théorie de l'unité de coutumes ù cetle époque, des riv:lges de J'Asie.
Mineure au délroil de Gibraltar.
(1)
cAnn. Brit. Sch. Ath._,
xvm.
1898, p. 213, fiR. 5.
(2) s. CJ.a.strier, A, Guebhürd, P. Goby, cPresses et moUlins A hulle primitifs»,
Extrait du cBulielin de la SOciété Préhistorique de France_, Janvier 1910, p. 6;
F. Benoit, «Les pressoir à levier et contrepoids en Provence et en Afrlquell, dans
«Memoires de l'Instit ut historique de Provence», 1936, p. 106, et suiv.
Gn
«Recueil de la Soclé é archéologique de Constantine», 1900 et 1910.
(4) Des presses A huile semblables ont été trouvées également à la Périphérie,
dans le village Ibérique de CLoIi Castel1allSl1 (Crete51, en Bas-Aragon. P . Bœch
Olmpera, cAnuarl de l'Institut d'F.studis Catalans_, 192J.l926, 2, p. 79 et fig. 145.
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26
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VILLAGES l'RÉRO.\\AfNS 1);t LA PË-N1NSULE lB~RIQUE
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[page-n-240]
[page-n-241]
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LA NTIER· BREUIL· (ILe
To l l1lo~.
LAMINA 1.
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3
2
4
Le TOlmo, à ,\\;n.tedJ (Alb.~ete).
1. VU" ,"n"role du Tolmo et des ce"os $Itellitu.- 3, L'une des sentes li.
dcgrè! menlnt 'U sommet. -3. L 'entrée principale par le Ylllon.---I,
t ... br"..,he du ,·.Ilon ct le mur de: défens<:
[page-n-242]
LANTIER~ BREUIL~ ~ Le Toll1lo~ .
LAM INA II.
2
3
Le Tolm G, li ." inlled.
(A lb.cel~).
1. LI fa lai;;e I II Nord-Esl.-2. les
sl~lcs
indiquant
1'c.I1l~lacemenl
-3, La muraill e Iran<'!vcrsa le, orionlée EsI-Que.l, su r le plaleau
des maisons
[page-n-243]
LAMIN A .1I1.
LA.NTIER - BREUIL- eLe Tolmo».
,.~
.
...... . . .<.
.
.
.
'
Le Tolmo, il Mi "alcd. (Albaecte). l , ILe . peti t Tohno. , "" e gén" .. le.- 2, Anglc de maison , 3, Esc~lier dt trois
morches,----4 .9, Sép" ltt1CCS entaillées dans It roc.- IO, Vu-e des stLleos de ml;$OnS, l U Tolmo
[page-n-244]
LANTlER- BREUlL- . Le Tolmo •.
LAMI NA IV.
l
2
4
3
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5
Le To!mo. il .'o\in.tcd. (AlhceTel.- I, Cerro de La Torrcci ... "ue [in .... alc. CerrO de La Torre~i t • • muraiUts anti'lucs dans les ~hlmpJ.
Cill. --5, L, ,pointe mêridioule du Tolmo •• '·cc
2. LI plainc entrc le TOlmo
Ct
!e
3-1. Sépulture.s emaîlt':es dons lc R"". l La Torre.
ent~iUes
de
:r.~isons
et de poutr. ges
[page-n-245]
LANTlER- BREUIL- ~l,e TOIOlO&
.
LAMINA V.
2
r
3
4
6
5
Le Tolmo. l ',\\in""do (,\ lboçe te). _ l, Mur de Mle!lse dU'"";n d·.cci:s.
1Our.
]-4, La tnur de dé fense .
Z. ,IIllr.llles
t!
m"i~ons
5. Un .....,',. li cr .- 6. ·" "I"i ll cs clins le
rOC
.u pie'\ de II
[page-n-246]
LANTIER ~
8REUlL~ ~Le
Tolmot.
LAM IN A V I.
(Alb.cet~I,-·I. Pre8$oir.- 2. EntBil!~ d~ mlioJon._ l. Enc""h~s pour lu madriers d'une
preue li hu ile.----4. Entlille de ",aison .--5. frll:m~nt de stèle ,'isigothiQue,· 6, L'extrême pointe du Tolr"o , vue
La Tolmo , il. Minot"d.
Tolmo.-13, MoisODS
[page-n-247]
LANTIER - BREU IL- ILe To lmo•.
LAMINA VII.
Le Tolmo, il ~\\inatcd. (Alblccte).--!-4, 8,9, l'res"oirs il huile. - 6, Moul;n.-Î, 12, 13, I~, Auges.- !().I~, Emai·
lies el cupule$
[page-n-248]
ISSN 1989-508
1
AB. HENRI BREUIL ET RAYMOND LANTIER (0)
Villages. préromains.
de la Pénins.ule Ibérique
(1)
Il, Le Tolmo, à Mlnateda (1\Ibacele)
1. TOPOGRAPHIE GÉNÉRALE (2)
Les vo ies de communication Qui permettent de gagner le littoral
méditerra néen en Quittant les plaines de la Manche et en se glissant
cntre les montagnes crétacées. jurassiques ou triasiques qui la rebordent à ,'Est et au Sud-Est. nc sont pas nombreuses. L'une d'elles
s'étend de Chitlchilla par Yecla, ycrs Alicante et Elche. I.e long de
cette voie naturelle sont échelonnés divers oppida ibériques. dont
le plus important est, sans doute, lIfcCIl, entre Alpera et Ayara, e t
les cé lèbres cerras de los Sa"tas ct de la Cons%don_ On peut en·
core citer de curieux é l abli~scmcnts à El Amareio, il BOllcte et à El
.47abi, près de Yecla.
Une autre voie, également jalonnée de places fortes Ihériques,
descend vers Murcie, par H ellin et Cieza, en su ivant 3 peu près la
trace de l'ancien détroit miocène ct le réseau orographique inférieur
du Rio Munda ct de son affluent , la Rambla deI Moro ou Rio de
Toh:lff3. Le long de cette voie, ou dans son voisinage, se trouvent
des localités qui ont donné dïmportantes trouvai lles ibériques,
comllle Jumilla, Moratalla et Calasparra.
Entre [-Je1Jin ct Agramon, ii Minatcd:l, vers le point où la voie
ferrée de Chin chill a ii Murcie décrit une fo rte courbe ct se dirige
(' ) El pre6ente trabaJo esta. oompuesto desde 1936, cuando se prepa,raba la
publlcaCl6n dtl scgundo volumcn dei Anumo que sale ahara. a. la luz publica..
(1)
Voir: R. Lantier et H. Breuil. .Villages préromains de la Péninsule ibérique. l, La VUla», in utc\"Ue archéologique~. 1930, 1. p. 200-216.
(2) Relevés et photographies exéculés au mols d'octobre 1916 lors de notre
sejow 1\ Minateda.
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2
RAY,.,IOND lANTIER ET HENRI BREUIL
vcrs le Sud. après avoir été vers l'Est, [es dépôts miocènes. découpés par l'érosion, forment une série de cerros il co ntours escarpés.
de grès plus ou moins molasiques passant, suivant les points, ~ des
"niveaux de conglomérats de galefs de QU:lrlzitc ou de calcaire dur,
ou il des bancs de grès :Issez comp;Jcls ii lits de petits c:lilloux fcrrugincu~. Généralement les bancs de galets de roche dure sc trouvent
il la base des cerros ct presque à niveau de [a plaine.
Celle.ci, qui va en s'élargissant "crs le Nord du c(llé de Hellin .
se resserre vers le Sud, entre des monl:lgnes de plus en plus élevées .
Il y avait là, dès les temps les plus anciens. une sorte de défilé qui
commandait l'accès des plaines de ce tt e partie de la Manche. A
l'Est , la sierra de Cabez:1 Llana limite l'horizon; :1 ses pieds se
.trouvent d'importantes st:ltÎons moustériennes ct, dans [es ravi ns
qui découpent le rebord orÎent:d, sc creusent de nomhreux :; bris
sous roche dont quelques-uns présen ten t d'intéressantes peintures
paléolithiques ct néolithiques, découvertes ct étudiées par Monsieur
l'Abbé Bre uil.
Vers l'Est, la plaine est limitée par la sierra dei Cuchillo et les
ccrros où se creuse la grande cueva Morena. Ces hauteurs s'étendent da ns la direct ion de la haute chaîne de la sierra de las Cabras.
De ce côté égalemen t de la plaine, les vestiges des deux âges de la
pierre ne sont pas rares.
E n aval, vers Agra mon, la plaine, d'abord marécageuse, est bientôt réduite au talweg de la rivière. Au centre de l'amphithéâtre formé par les montagnes que nous venons d'indiquer, mais plus rapproché de la sierra de Cabeza Llana , sc dresse [e Tolmo, haute meset/1
commandant 'la plaine de tous côtés. SB forme est allongée, e t ses
versants presque partout inaccessibles. La partie supér ieure est entièrement occupée par une ville ibériq ue et rom:line.
A l'Est, de l'
deux autre petits cerros satellites, éga lement couvelts de ruines ct
de vestiges.
A [a pointe méridionale du Ta/ma, cn bordure de la plaine cu ltivée, se trouvent de notables reste~ d'habitats roma ins, colonnes.
sarcophages de marbre, inscriptions. Un peu plus à l'Est, en lre le
T olmo ct le village de Minateda, le long de la. route de H elli n ù
Agramon, se rencontrent de nombreux silos antiques et une nécropole ibéri que, en partie bouleversée par des inhuma tions de basse
époque romaine. Leur découverte est due aux travaux de const ruction de la route en 1914-1915.
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•
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VILLAGES PRERO.\lAIè'lS DE LA PENINSULE IBERIQUE
3
Depuis le sommet du Talmo, la vue s'étend, au midi, su r une
plaine d'abord fertile el irrig uée, puis cau\'crte de végétations marécageuses. Un peu au delà du village de Minateda, s'aperçoivent
les quelques maisons de la Horca, avoi sina nt dc~ ol ivettes qui vont
jusqu'à la voie ferrée; ù droite et il gauche de celle-ci, sur des éminences :1 peine sensihles. il ya d'importants vestiges de stations ibériques.
Les paysllns nOlis onl affirmé qu'on y avait découvert des figurines d'animaux cn bronze, et la céramique peinte ibérique, si nbond:lI1te déj:'1 sur le versant oriental du 'l'olmo et:l la nécropole, y a
été recueillie en quantité. On voit même des terres noires qui cn
contiennent dans la coupe de certains canaux d'irri ga tion. Un pcu
plus au Sud encore, au pied des montagnes limitant la va!1ée-- vers
l'Est, des champs appelés Zama contiennent des milliers de tuiles
rorn:1Înes, analogues .1 celles que l'on voit autour des m'lisons ruinées et des sépultures taillécs dans le roc de l'un des pc tits cerros
avoisinant le T a/,lia.
11
DESCRIPTION DU TOlMO
Le Talm a, 1l0US l'avons déjà vu, est UIlC lIIcscta étroite et allongée, terminée en promontoire aigu dirigé vers le Sud. s'arrondi ssant
:'1 l'autre extrémité en un lobe à contours, également inaccessibles.
(Pl l, fig. 1).
Nous avons tenté d'en lever un plan topographique avee les moyens rudimentaires dont' nous disposions, c'est-il-dire la boussole et
le pas. JI va, sans dire, dans ces conditions, que les détails de notre
plan ne sont qu'approximatifs . Néanmois, son exactitude est suffisante pour permettre d ' en apprécier d'une façon approchée les di.
mensions réelles et pour que l'on puisse se reconnaître, sans aucune
difficulté, dans notre graplliQue et retrouver, grâce à lui, les vesti.
ges que nous avons pu y repérer.
La dimension de la meseta, d'une extrémité à l'autre, est d'environ 500 mètres. Mais la longueur réelle est supérieu re, la forme
générale étant incurvée assez fortement, avez concavité à l'Ouest.
LES ACCES.-De ce côté: il n'y a que deux accès possibles:
l'un, au Nord-Est, est un escalier, assez rapide, mais relativem ent
f:Jcile. enta ill é ent re deux masses rocheuses (IV) (1) . Un aut re,
(1)
Les chiffres romains renvoient aux sections correspondantes du plan
-
215-
[page-n-216]
4
RAYMOND LANfiBR ET HoENRJ BREUJL
beaucoup plus difficile, se trouve à environ ]20 mètres de l'éperon
méridional, le long du bord oriental (VII). L", , de nombreux blocs,
1
détachés de la bordure de la falaise, ont retenu les terres et permettent de gagner graduellement, par une série d'échelons naturels
et en utilisant quelques corniches, presque le niveau de III mcseta.
Quelques entailles verticales dans le roc ber Cf deux ou trois marchc.> creusées permettaient, quoique difficilement, de gagner la ville.
Ni l'une ni l'aulre de ces "oies n'étaient practicables pour un
nombre considérable de personnes ct, encore moins, pour des chars
ou de la cavalerie. (PL I, fig. 2).
Une :Jutre entrée (Pl. r, fig. 3), la principlde de l'oppidum assurément, était d'une pénétration beaucoup plu s aisée et d'une pente
assez douce pour permettre aux voitures ct :IUX cavaliers d'atteindre
la burface plane où était const ruite la cité.
C'est un ravin orienté de l'Est à l'Ouest qui entaille profondé.
ment le rebord occidental du Talma aux deux tiers de sa longueur
vers le Nord (Xll) . De ce côtè, la rivière était une prémiere défense
naturelle à peu de mètres en av.mt de l'ouverture du vallon. Celu i-ci
fait une hrèche de 30 mètres de large environ dans la falaise inaccessible à droite et il gauche, et d'une extrémité ii l'autre de cc versant. A une dizaine de mètres en retrait de l'angle rocheux que forme la falaise, ti gauche du ravin cn descendant, une puissante muraille, dirigée Nord-Sud, barrait celui-ci. Elle était épaisse d'environ 5 mètres et baute d'environ ,lutant, ainsi que l'on peut en juger
par J'attache qui en subsiste sur la paroi verticale limitant le vallon
vers le Nord. (Pl. l, fig. 4). L':lltache méridionale, moins bien conservée, est cependent encore visible. Dans sa partie centrale, elle est
extrêmement ruinée et se confond en partie avec les terres du vallon. Son :lppareil, est irrégulier: elle était constituée par un noyau
central de pierrailles de petit c:dibre, empntées dans un magma
d'argile durcie. Les revêtement s internes el externes étaient faits de
gros blocs non équarris. On ne distingue pas J'ancienne entrée à
cause de l'état de ruine de 1:1 construction.
Peu en arrière de cette muraille de défense, s'en trouve une seconde moins forte et moins bien conservée. Elle est presque entiérement éboulée.
De nombreuses défenses 11ccessoircs entou rent ce point faible de
l'oppidum. C'est d'abord, flanquant la murai ll e au Sud, une so rte
de bastion naturel de forme arrondie, dominant d'une dizaine de
mètres le pied de l:1 muraille en avant de laquelle il se projetait. Sa
partie supérieure forme une sorte de champignon arrondi de cinq
mè,tres de large, dont le rebord il été aplani sur tout le pourtour sur
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VILLAGES ?RERO.'o\AINS DE LA ?E.NINSU LE IBE.RIQU E
une largeur de 50 centimètres. Cette Ilurface paraît avoir servi de
base à une muraille en pierres sèches. de grandes dimensions. dont
aucun bloc ne subs iste en place, mais qui est probablement l'origine
de plusicurs pierres plus ou .moi ns façonnées Que l'on retrouve
6bouléC1! au picd de la falaise (XlI du plan).
Plusieurs escaliers, séparés les uns des autres par des gradins naturels, permettellt de descendre du' bastion en arrière de [a murail le (XII).
Au dessus du premier, taillée dans le roc, sc trouve une corniche
dominée par une paroi verticale où sc remarque une entaille profonde en forme de croix, d'cnviron 90 centinlètres de h~luleur, sur
une largeu r approximative de 0 m., 30. L'cntaille horizontale se
creuse en arc de cercle, commc si une pièce de bois mobile avait dû
tourner dans cette rainure autour d'tm axe fixé dans l'encoche verticale. 11 est possible que ce soient là les vestiges d'une porte ou
·d'une fermeture (XII).
A e nviron 60 mètres en arrière de la muraille, su r la plate-forme
dominant le vallo n au Sud, très près du fond, se dresse un gro upe
puissant d'édifices, composés dc plusieurs corps de bâtiments, rem:lrQuah les par les entailles de poutres qu'ils ont laissées en arrière
sur la paroi rocheuse et par un mur de très grosses pierres de taille
transversal au vallon. Il s'agi t probablcmcnt là encore d' une cons·
truction défen sive (VIII, IX, X).
En face dc l'escalicr ct dc l'incision cruciforme, à une certaine
h:wte ur sur le flanc rocheux, cinq profondes encoc hes étaie nt destinées ii loger l'extrémité dc madriers disposés cn séries horizont:des.
Un édifice en bois, disparu, existait certainement à cet endroit
(XIII).
LI f:daise (Pl. II, fig. 1), qui borde l'oppidum au Nord .Est, domine de lS à 20 mètres, suivant les endroits, une pente assez douce.
Ell e est creusée de nombreux abris, aujourd'hui comblés de terres,
ou utilisés à nouveau pour adosser des maisonnettes . Sur l'emplacemcnt de la principale d'entre elles, on a gécouvert lan épa is remplissage a rchéologique contenant une immense Quantité de débris
céramiques de divers âges. Il y avait aussi 'des restes de sépu ltures
visigo th iq ues, avec dalles sculptées d' une croix grecq ue. Tout à
cô té, sc trouv:lit l'emplacement, aujourd'hui masqué, d'un moulin
primitif avec canaux creusés dans le roc pOur faire glisser le gr,dn
jusq u'aux meules, dont les débris s'aperc;oiven t e ntre les pierres du
mur constr uit su r son emplaceme nt. Plu s à droite, le creusement
récent d'un réservoir a sectionné un talus de remblais archéologiques où plusieu rs co uches sont visibles. Ce réservoi r cst destiné à
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RAYMOND LAo'HIER ET H-ENRI BREUIL
rècueillir l'eau dévalant des rochers avoisinants et spécialcment de
la hrèche ouverte dans la falaise par l'élargissement, dû aux agents
atmosphériques, d'une fente de la masse rocheuse.
Cette brèche permettait d'accéder sans trop de peine ~ la west'ta; mais les Ibères ont amélioré le passage en y taillant des marches.
Celles-èi se groupent en trois escaliers distincts: l'un vers le bas
monte de gauche :l droite, perpendiculairement •• l'axe de la brèche.
Sa p;lrtie inférieure, récemment découverte. n'est pas encore dégagée des terres (VI du plan).
A'u sommet de cc premier escalier, un autre se dirige vers la
droite et parvient ~ une petite plateforme d'où l'on accède péniblement au millieu de la brèche. Sur le gauche , empruntant le trajet
même de la fissure rocheuse, dans laquelle il s'encaisse et se rétrécit,
est un long ct étroit escalier, coudé vers son milieu, et aux marches
fon irrégulières.
Nous avons déjà décrit précédemment le difficile accès Qui permet d'escalader le rocher ven!> sa pointe méridionale, à environ 120
'mètres sur le Aanc Est. Toute la pente de ce côté est hérissée' de
blocs effondrés ou d'assises rocheuses saillantes permettant d'atteindre le point culminant. De nombreuses grottes ou abris S'y creusaient et s'y creusent encore aujourd'hui. Celles Qui so n habitées
par des troglodytes co nt emporains ont été naturellement vidées.
Elles étaient, comme le sont encore celles qui n'ont pas subi cette
opération, littéralement bourrées de tessons ibériques. Toute la
pente de cc côté jusQu"au niveau de la plaine en est jonchée. On y
recueille aussi passablement de céramique samienne. Il semble que
les habitants de la IIIcseto aient déversé de ce côté leurs gadoues. En
effet, sur les autres versants, on la rencontre en bien moindre importance. Néanmoins. il s'en trouve aussi du côté occidental présentant un caractère beaucoup plus altéré. Les tessons se poursUIvent jusque dans le lit de la rivière Qui les fi charriés .
DESCRIPTION DE LA MESETA.-La m€seta mesure, nous
l'avons dit, SOO mètres de long environ, d'une extrémité:' l'autre.
Elle est divisée en deux partics inégales pac le vallon d'accès et le
couloir qui le continue. La partie septentrion.rle a 250 mèt rer de
longueur sur une largeur maxima de 90 mètres, et sc compose d'une
étroite pllltcforme d'environ 20 à 30 mètres de lllrge, bordant le côté
Nord-Est, et d'une pente assez rapide descendant jusqu'aux à-p ics
limitant le vallon ou jusqu'aux extrémités de celui-ci.
Tout le versant dont nous venons de parler (XIII), est encombré
de ruines de maisons et de vestiges de murailles dans un tel état
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VILLAGES PREROMAINS DE LA' PENINS ULE IBERIQ UE
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d'entassement qu'il est vraiment difficile, sans y pratiquer de fouilles, d'en relever un gra phique et d'en tenter une description. Ce.
pendant, un monument, d'a ssez grandes dimensions et de forme
rectangul:lire, est visible au point culminant de l'extrémité Nord
(XV) . Ces murailles, épaisses d'au moins un mètre, étaient formées
d'un douhle revêtement de grands blocs, avec remplissage intérieur
de blocailles. Une seule partie de son enceinte demeure debout:
c'est un côtè de l'angle septentrional eomposé de sept gr:mdes piero
res dressées en deux files parallèles. Leur e nsembl e a l'aspect for.
luit d'une pelite f!alcric dolméniquc. Il semhle certain Que cet édi.
fice se composait de plusieurs salles. Fn plein Sud, il 30 mètres ...
peu près, toul :'t {ait sur le rebord de l'angle de la fal:lise qui prolan.
ge le eôté Nord du vallon, se rencontrent d'importants vestiges de
grosses murailles cimentées d'époque vraisembl:lblemcnt romaine.
Au Nord, ., environ 35 il 40 mètres, se creuse dans la falaise, une
cavité en forme de grotte élevée. La. dalle supérieure de la meseta
en cons titue le toit, qui est perforé d'un trou, lequel constituait un
danger pour les habitants. Aussi ces derniers ]'on t·ils obstrué par
trois grands blocs allongés, grossièrement équarris, le fermant presque complètement (III).
Entre l'escalier Nord-Est d cette fissure, il r a une distance d'cnviron 155 mètres. Toute celte bordure rocheuse est ent:tillée de
nombreux vestiges, principalement des encast reme nts de maiso ns
dont. notre croquis donne sommairement la forme et l'emplacement
(II. III , IV).
Plus intéressants sont une presse, de nombreuses petites cupules,
une auge d:Jns un gros bloc cubique équarri et tenant ;IU sol, des sor.
tes de canalisations creusées faisant communiquer des espèce~ de ré·
servoirs et un escalier permettant de passer sans peine d'\In gradin
naturel :l un autre. Tout :'t côté l wr \.In bloc, se trouve une encoche
creusée en arc de cercle, inscrivant deux protubérances circulaires
juxtaposées: cela parait être un dispositif de moulin comparable à
celui conservé sur un des petits cerros satellites.
De l'autre côté de l'escalier (entre IV et V du plan) la bordurE
rocheuse continue. On y note, autre les entailles de maisons habituelles, de nombreuses mangeoires cupuliformes, u'ne entaille en
arc de cercle avec de ux trous de poutre qui paraissent avoir été le
point d'appui d'un pressoir en bois, et l'ouverture allongée d'une
citerne profonde ou aljibe, dont les rebords présentent des vestiges
de fermeture en bois et laissent voir les cntailles qui logeaient les
extrémités des lraverses dc bois découvertes. En ce point, on se
trouve à [a part ie supérieure de la pente du vallon descendant au
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RAYMON.o lANTl1'.R ET HENRI BREUIL
ravin d'accès. Celle-ci atteignan t le rebord oriental y fo rme une ensell ure très sensible dans le profil de la fal ai se. Au delà se développe
la seconde moitié de la meseta, qui mesure de ce point à l'extrémité 300 mètres environ. Du même endroit au bastion défendant au
Sud l'e ntrée du vallon d'accès, il y a environ 70 mètres , e t de cc
derni er à la pointe extrême, du prom ontoi re, environ 330 mètres.
Le bord oriental n'est plus rectiligne, mais fo rme une grosse protubérance à 160 mètres de l'escalier Nord-Est. Le bord occiden tal.
au contrai re. dessine une courbe rentrante avec forte concavité sym:étriQue à la protubérance désignée.
Le plan inscrit par ces co ntours cst la région la plus plane de
l' oppidum. Mais, à l'occident, le plateau tombe en gradins ,ISSCZ rapides jusque sur le bord de la falaise. Du côté opposé, la 1lI cscta demeure hor izon tale jusqu'aux ,,-pics. Dans le sens de la longueur, le
vaste tri;mgle. un peu déformé, que dessine cette seconde moi tié de
l' oppidmn, peut se divi ser en trois parti es:
La première, ct la plu s vaste, est limitée ;lU Nord par les pentes
et les gradin s du vallon; au Sud, par une ligne remarquable de stèles des plus régulières (VII et XlV), proven:mt ou d'angles de maisons orientées sensible ment , Sud-Oues t, ou de ch.ambranles de portes. (pl. Il, fig. 3).
La seconde sect ion va de la ligne que nous l'enons de mcn tioner
,) une fort e muraille de même or ientat io n tr:lIlsvers
(VIII) . (Pl. If , fig. 2). Les ruines de maisons sont accu mulées en lin
indi se rip tible fou illis d,ms ces deux premiers segments. De tous
..:ôtés, au milieu de la jonchée immense des blocs épars, on ent re·
voi t des tro nçons de murai lles :1 fleur de terre et l'on voit se dresser
les stèles. En plusieurs points, soit par ),( disposition de ccs lignes
de stèles, soit D:l r l'amo ncell ement régulier de décombres au vo isinage immédiat de la muraille barrant l'éperon, on peut constater
que tout au moins, plus ieurs files de m..,isons étaient ori entées de
l'Est ù l'Ouest.
Au centre de la flu;;sela et ù l'aboutissement occidental des stèles ,
sc trou vent les restes d'un édifice placé cn un point culminant. Des
fouilles, pratiquées ., diverses époques, en ont déblayé une partie.
On peul voir, grâce à ces excavations, Que l'aPP:lreil en est relative·
ment régu lier ct fait de pierres posées à plat, réunies c t cimentées
entre elles su r une épaisseur de 50 centimètres (XIV).
.
Au Nord de ce mo num ent et à peu de distance (XIV) existen t
les ruines d'un autre de même nature, ou d' une partie de cel ui-ci
dont on ne peut saisir actuell ement la connexion.
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V)L LAGES P:U::RÛ\\\..\INS Df: LA t>ENINS ULE ISËR IQUE
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La muraille défensive barrant J'éperon est parallèle à la ligne de
stèles ct distante d'environ ]00 mètres. Des fouilles anciennes en
ont déblayé une certaine longueur, ce qui permet d'en voir la base,
faite de blocs assez volumineux, disposés les uns horizonta lement,
les autres verticalement, sans aucun ciment pour unir les éléments
cntre eux. Comme dans la plupart des constructions ibériques de
cette localité et d'autres que nous avons pu étud,ier, il existe un
double revêteme nt de gros blocs avec comblement intérieur de picrT:lilles. A en juger par l'amoncellement considérable de matéricux
qui ont été remués par les anciens fouillcurs, 1:1 h3utcur devait en
être assez grande. Elle nc dépasse pas actuellement celle d'un hommc, pour une épaisseur de 3 Ol. 50 et s'incurve légèrement vers le
Nord de so n extrémité orientale.
Revenons maintenant ~ 13 têtc du v3llon, au point où la pente
atteint la hordure Est. En cet endroit, il existe les restes d'un assez
grand monumcnt rectangulaire construit en pierres ~èc hes. Entre
celui-ci et le bombement de la falaise (VI), on remarque un gra nd
nombre d'entaillt:s pratiquées dans la bordure rocheuse et Qui ser·
vaient de base vraisemblablement à des édifices construits en bois.
Elles so nt associées à de nombreux trous circulaires, parfois groupés et creusés à même le roc, qui paraissent avoir été des m3ngeoi.
res. La présence constatée, en certains cas, d'3nneaux perforés dans
la bordure rocheuse pour attacher un animal, ne laisse aucun doute
su r leur signification.
Au voisinage inmédiat de l'édi fice rectangulaire dominant le
haut du vallon est crcusée une sépulture. A peu de distance du
point VI et près des maisons entaillées, on remarque une presse circulaire ~ rainures d'écoulement assez compliquées, aboutissant à un
pet it bassin rectangulaire; non loin de là, une auge circulaire de
très grandes dimensions ct une carrière d'extraction cie pierres de
taille, semblablc à celles, Qui exi~tent sur les petits cerros satellites,
comme en divers points de Meca et au Monte Arabi.
Après avoir p3ssé la muraille en sc dirige3nt vers la point e méri.
dionale, et tout contre l'extrémité orient3le, s'ouvrent deux belles
citernes, voisines J'une de l'autre, avec entailles pour l'encastrement
d'un couve rcle de bois (VIII).
Un peu plus au Sud, est situé un groupe de cinq petits bassins
circulaires; au desflous, sur la plateforme qu'ils dominent. est une
sépult ure e ntaillée tout près de deux auges, l'une presque carrée et
l'autre ronde. Une autre sépulture est creusée le long du bord Est
de la petite plateforme allongée Qui termine le promontoi re. Tout
il J'extrémité de celle-ci, est pratiquée une auge rectangulaire. En
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RAYMOND lANTleR ET HENRI BREU IL
retour, sur la bordùre de la banquette supérieure. on peut nott:r
deux encoches de maisons. Là, un csc:dier, entaillé dans le roc, fa·
cilite [a descente sur la banquette inférieure où sc trouvent une sépulture el une auge circulaire (X-XI).
Dans le prolongement du bord de 1:1 plateformc supérieure.
jusqu'à une distance d'environ 100 mètres de la pointe, existent de
nombreuses et profondes entaille~ de maisons, quelques-u nes il plusieurs piéces et présenumt certaines dispositions singulières, parti.
culièrement des entailles postérieures qui parnÎsscnt avoir été des
çhcminées. Deux escaliers assez larges descendent sur une étroite
corniche revenant le long du bord, vers la pointe en retour contre
la falaise. C'est de son extrémité que l'on peut élUdier convenable·
ment la partie supérieure d'un bloc dét:lché dont nous donnerons ln
description plus loin. Vers l'extrémité de cette corniche deux sépul tures sont façonnées dans des blocs détachés.
Au-delà des escaliers, en se dirigcant le long du rehord occidental de la falaise, on rencontre de nouvelles encoches de maIsons,
deux a uges carrées justaposées, une autre ci rculaire dans un angle
de rocher façonné.
Après une cinquantaine de mèlre.s sans rien de parti cul ier à
signal er, une assez vaste entaille de m.aison à plus ieurs chambres
dont le sol n'est pas à la même hau teur, se trouve placée près du
point XL Elle est suivie de toute une ligne d'entailles analogues,
accompagnée de nombreux vestiges de murailles assez bien conservées.
En arrière des maisons, il existe plusieurs cupules, dont une sur
un bloc carré et un a{jibe, orienté parallélement aux maisons avec
encastrement creusé pour le couvercle.
En se rapprochant de plus cn plus du bastion, après un intervalle d'une dizaine de mètres, les encoches de maisons deviennent
très nombreuses ainsi que les accessoires qui les accompagnent fré·
quemment. Leur sol est souvent :1 plusieurs étages. On remar'q ue
principalement: à I"extrémité méridional e de cette série de maisons,
une belle presse circulaire à rainures palmées, avec canal de déversement, puis juste au-dessous un profond aljibe et de nombreux
bassins ronds ou ovales, parfois avec demi-cupules latérales. Certains de ces bassins sont en communication avec un bord rocheux
par une encoche ou un petit canal.
A l'angle saillant formé par u ne ava nce rocheuse, entre deux encoches de maisons et contigüe à l'un des ces bassins il d éversoi r, se
trouve sculptée en relief et e ntourée de rainures profondes, une
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VILLAGES PRÈRQ'\\.A[NS DI:: LA f>ÈN[1'I~ UIoE [Q.ERIQ U~
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sorle de tête circulaire, avec trou central, Qui paraît avoir fait partie
de l'agencement d'un moulin. (pI. Vll).
Un peu au-de!:'1 sur la plateforme, en arrlere de trois encoches
de maisons séparées l'une de l'autre par des banquettes de roch es
lais sées en place, existe une cuve allongée en forme de sépulture,
mais moins profonde, avec, dans l'axe du fond de la cavité, une
rainure d'écoulement aboutissant à un petit bassin circulaire.
L'extrémité du plateau Qui porte ces derniers vestiges forme un
gradin relativement élevé au-dessus du promontoire s'é.tendant vers
le bastion. TOlite la région comprise entre le ravin d'accès ct la falaise extérieure forme un cap assez étroit dont l'angle iligu est OCCllpé par le bastion. La pente tombe vers celui-ci en Quatre gradins
~uccessifs, séparant autant de plateformes étroites Qui courrent plus
ou moins parallélement au bord méridional du ravin. Des escaliers
ent:lillés permettent de descendre facilement du plus élevé ii celui
qui est inmédiatement :lu-dessous et de celui-ci il un troisième. A
la point~ de cc dernier existent trois bassins circulaires et le rebord
de la roche avoisinante est entaillé en arc de cercle et en rectangle (XII).
Parmi les roches isolées dc la masse générale, trois doivent être
signalées particuliérement :
L'une est sit uée à la pointe Sud et constitue une plateforme à
bords découpés large d'une vingtaine de mètres environ à mi-hauteur entre le pied de la pente et le point culminant du promontoire. Son accès doit se faire d'en bas et cst extrêmement risqué
aujourd'hui. Sur la plateforme de ce bloc Que l'on peut examiner
d'en-haut presque perpendiculairement, on aperçoit les entail les de
plusieurs maisons ct un certain nombre de trous de poufres devant
supporter des édifices plus légers. (Pl. IV, fig. 5).
Les deux autres blocs séparés sc trouvent à l'Est de la pointe méridionale: le premier à environ soixante mètres de celle-ci paraît
s'être détaché postérieurement du bord de la falaise. Deux sépultures y sont creusées (VIII). La seconde roche, située tout juste con·
tre l'escalade difficile Que nous avons signalée, présente ~I sa partie
supérieure une entaille rectangulaire de maison, sans doute destinée
:1 garder et surveiller cet accès.
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RAYMOND LANTIBR ET HENRJ BRI'.U1L
III
DESCRIPTION DES CERROS SATELLITES ET DE LA PLAINE
ENVIRONNANTE
A environ 3(X) mètres :1 l'Ouest du T a/ma et en face de chacune
de ces <.:xtrémités, de J'autre côté du talweg de la rivière, sc IrQu\'c nt
plusieurs petites éminences présentant également des traces d'occupation antique . En face le pont, non loin de la maisanClte placée ~
la rencontre de la roule venant de Hellin :Jvec celle qui passe le
pont, s'avance J'extrémité. arrondie Cl cn pen te douce. d'un plateau
peu élevé. Vers le sommet de cette pente, se trouve isolément, entourée de tessons de poterie antique, une maison ibérique assez bien
conservée, dont malheureusement on était en train d'enlever les
pierres pour des Cûnstructions modernes.
Un peu plus en aval, longée par le route qui se dirige vers Mi·
nateda s'étend une petite colline, en forme de barque renversée,
plus aigüc vers le Nord où elle tombe en gradins à nombreux échelons naturels, plus adoucie vers le Sud où elle s'élargit sensib lement. Celle-ci n'ayant pas à notre connaissance d'appellation propre, nous.la désignerons sous le nom de petit T alma (Pl. lIT, fig. 1).
Vers sa pointe Nord, on rencontre un rema rqu:tbl e moulin à
double éminence, perforée au centre. Un peu au-dessus, sur le bord
d'une banquette, a été creusée une presse très simple Qui domine
elle.même une belle sépulture en auge.
La partie supérieure du cerro, assez plane, est occupée par de
nombreuses maisons. Sur le bord Est et vers le centre, existe une
construction de dimensions plus cons id érab les, dont un des angles
demeure en place (PI. TU, fig. 2\.
La bordure orientale du cerro bien Qu'assez :i pic est peu éle·
vée. De ce cô té, on remarque beaucoup de vestiges d'extraction de
pierres de taille; il y en a également tl l' extrémité méridio nale.
Le versant occidental est beaucoup plus adouci; dcpuis la route
jusqu'assez près du sommet, il est même terreux. Trois gradi ns reslent seulement à gravir pour atteindre le sommet de l'é min ence.
Chacun d'eux est entaillé ·d'escaliers qui ne sont pas placés en face
lell uns des autres. A côté de ce lui du mil ieu, existe une cuve, disposée ii l'aboutissement d'une série de rigoles destinées :1 recueillir
les eaux de pl uie tomba nt sur la plateforme supé ri eure.
Chaque élément d'escalier possède trois marches, la plus basse
a 0 m. 50 de ]acge. IPI. Ill, fig. 3).
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VILLAG ES PRERo'\I.AINS DIE LA PENINSULE I BER IQUE
13
Vers l'extrémité Sud, se trouve une cuvelle large de 0 m. 75, à
['intérieur de laquelle une plus petite est disposée. Des sépultures
existent .lU Sud des habitations (Pl. III, fig. 4-9).
Entre ce monticule et l'autre plus élevé, connu sous le nom de
La Torrecita (pl. IV, fig .. 1). regardant la pointe Sud du Tolmo,
s'étend une plaine légérement vall onnée, dont les terres sont retenues par plusieurs murailles antiques assez bien conservées et divisant la pente très douce qui dévale vers le 1<1!weg en quatre banquettes sinueuses (Pl. IV, fig. 2).
Entre la route et l:t plus élevée de ces banquettes. s'étend un
terre-plein oll la culture découvre fréquemment des c:lvités souterraines :lssez vastes, d:ms lesquelles s'enfoncent parfois les animaux
attelés à la charrue. On nous en a montré plusieurs le long du talus
de la route: le ('aniVe:llt qui la borde laisse voir une série de ces excavations, espacées régulièrement de cinq en cinq mètres. Tout le
terre-plein est littéralement jonché de tessons et de tuiles romaines.
Le c!!rro méridional qui termine cette plateforme ct sc trouve :1
l'aboutissement des murailles qui y serpentent, est d'assez petites
dimensions. D'accès facile au Nord où il forme;) peine quelques
gradins, il tombe brusquement en petites fal:tises vers l'Est et le
Sud. Plusieurs maisonnettes de paysans se son t agglomérées dans
~es anfractuosi!ées, principalement du cô té méridional.
A la pointe Nord sc trouve une auge carrée; :1 huit mètre~ sur
la gauche et au-dessus, sur un gros bloc dominant la plaine, se creu·
se un groupe de cinq sépulteres (pl. V, fig. 3). En co ntinuant le long
de la bordure Est, on remarque un grand nombre d'extractions intéressant toute une banquette. Une esplanade, semblable;' la premiére roche il sépultures, en m.ontre un nouve,lU groupe plus important (Pl. V, fig. 4). De longues rainures de canalisation. ~ont associées à cet ensemble. Au milieu de ces auges funéraires, quelques
unes paraissent avoir un caractère d'utilisation domestique, peutêtre postérieur .
. A cinquante mètres plus loin, sur une roche dominant à peine
les terres cultivées, cinq autres sépultures son t entaillées. En face
du sommet, trois aut res sont encore à noter et six autres, en deux
groupes, avoisinent une bordure éboulée.
Sur le versant Ouest, on voit une entail!e de maison dont la porte s'ouvre il l'Est; :) la pointe Sud, une presse circulaire ct, dans le
voisinage, une sépulture d'enfant; :1 quelque dislnnee, un bassin de
forme ronde avec canaux de dégagement et les restes d'une carrière
,tntique.
Au point culminant du cerro, une masse résistante sc dresse, for.
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[page-n-226]
R,\YMONO LA~ riEN ET HENRI BRE UIL
mée d'un conglomérat d'argile et de cailloux tassés, caractéristique
des monuments arabes, D'ailleurs l'un de nous a vu, cn 1915, des
fragments de vases :Ir::lbes :) décoration ct :1 inscription en relief.
En rejoignant la 1'0ute:1 partir de La T orrecila et en suivant dans
la direction de Minateda, on arrive bientôt au point où un sentier
la rejoint ;t gauche, venant de la direction de la pointe méridionale
du Tolmo, en passant par une maison isolée qui sert actuellement
de bureau de tabac, On peut constater un léger bombement des
terres labourées, principalement sensible n l'Est et au Sud de la ren_
contre de ce sentier avec la route, Dans les caniveaux ;t droite et à
gauche de la route, tout aux alentours, on peut apercevoir de nombreux débris de poterie et des masses de cendres souvent localisées
en poches, C'est l'empl:tcement de la nécropole ibérique et romai ne de basse époque, en partie détruite par les travaux de nivellement de la route ct partiellement fouillée par don Federico de Motos et l'abbé Breuil en 19J5, Des silos y ont été aussi constatés .
. Après avoir passé devant le jardin, clos de grilles, de la jhlCll de
don Tesifonte Gallego, à la hauteur de la chapelle, il gauche et ~l
peu de distance de la route, sc trouve, très visa'de, formllnt Ull" sail·
lie appréciable au-dessus du sol, un bâtiment rectangulaire de 9 mètres de long sur 4 de large. Les murailles fort ép:lisses sont faites de
cai!loux noyés dans le ciment. Tour autour on relève, dans les terres, un grand nombre de tuiles romaines,
De ce côté, en p:utant de la route, la plaine forme un lllltre gradin soutenu par un mur antique, limitant des terres riches en tessons
grossiers.
Plus au Sud encore, les vestiges cessent, sauf ;[ plusieurs kilomètres, au voisinage de la voie ferrée et :1 la hauteur de La Horca.
Toutefois, sur la route d' Agramon, ~ une assez grande disfance
"près :lvoir contourné les roches qui la bordent au-delà de La I-Jorca, on remarque da ns le talus dominant l'Est, de grands amoncellements de terres noires, riches en débris organiques et toutes pétries
de tessons grossiers à faciès romain et de tuiles. La masse constituée
par ces débris est extrêmement considérable et peut être ['indice
d'une tui!erie d'époque ronuille.
A Mîllateda même, en se dirigeant vers [a ravin qui contourne
en s'y enfoncant le cerro de ('nbc::;(l Llalla, il faut noter quelques
vestiges. Juste en face du célèbre abri peint, actuellement désigné
sous le nom de Las Pil/tl/ras (]), l'abbé Breuil et don Federico de
(1)
Henri BREUil., «Les [>C.lntW'cs l'upest-res do la Péninsule ibérique. XI, Les
Roches peintes de Mlnaleda (Albaceteh, da.n.s cL'AnthopologieJl , t. XXX, 1920,
p. 1-50.
-
226-
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VILLACES PREROM.A!NS !)E LA PEl'!NSU/..JE !BER!QUE
Hi
Motos ont trouvé:1 fleur de sol, HU milieu d'une flaque de terre noire condensée, le fond cncore intact d'une urne ibérique, dont 1<1
partie supérieure avait été arasée.
Le ravin même qui suit 'porte un nom caractéristique, celui d e
La Mortaja, c'est-il-dire du cercueil. Cette appella tion d'ailleurs impropre provient de l'existance, dans sa p
creusée ct ses proportiol1s, relativement plus larges ct plus courtes
que celles des autres sépultures, paraissent indiquer qu'il faut y voir
plutôt un réservoir antique destiné ~ recueillir l'cau filtrant d'une
petite source contigüc.
En escaladant le versant de ce bar-rallco opposé au CerF) de Cabeza LIa/la on accède :l un plateau très étendu qui va au Nord
jusqu'aux ccrros avoisinant la dépression ouverte :1 l'Est do.! la Rillconada dd Callali::.o cl Hal'o. Toutel cetle mcsela est traversée par
des ch.emins antiques se mêlant parfois aux routes de chars moins
anciennes qui empruntent souvent le même trajet. Ces voies ar\liques sc reconnaissent facilement aux profondes rainures tracées
dans le sol rocheux par le passage des ralles. Elles sont entiérement
comparablo.!s aux traces analogues, d'~ge incontestablement ibérique, de l' opp idulII de Mec:!.
Sur le Aanc Nord des hauteurs rocheuses limitant au Sud la RinLOualla dei .. citée, on peut "oir d'énormes restes de carrières, dont
il est difficile de fixer l'âge. Il est probable qu'une partie d'entr.;:
clics soient relati vement récentes et que c'est de 1 qu'on a tiré la
..
pierre de t:lÎlle destinée:) l'edification des monuments et des maisons
de la ville moyenâgeuse de Hellin. Mais, nous serions disposés il
croire qu'une partie au moins de ces carrières pourrait remonter ..
une date plus éloignée.
IV
lA BOURGADE IBÉRIQUE
La rapide description que nous venons de donner des ruines ibériques du l'olmo a.ppelle certaines remarques sur la nature et la disposition intérieure de ces établissèments. Sans atteindre :'i. l'ampleur
des grandes cités contemporaines de Meca ou de Numance, notre
bourgade apparaît dès maintenant comme l'une des plus curieusCoil
et des plus caractéristiques qui aient été explorées jusqu' .. cc jour.
A mesure que se développe la connaissance de la topographie des
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16
RAH\OSO LANTlE.R ET HEN~I BR EU IL
stations pré-romaines de l'Espa.gne, on est amené à distinguer dîffé
ents groupes régionaux assez différents les uns des autres et correspondant il la fois aux matériaux fournis par la nature 'du sol cf auy
habitudes, pastorales ou agricoles, des occupants.
Dans les pays de granit de l'Ouest de la Péninsule, aux va11ées
du Du cro et du Millho , en Estrémadure ct dans b provin<.'C d' .41!ila. tes grandes ci tés sont rares. Le type dominant est celui de ta cit.11I;0, immense es pace de terr:Jin clos par une m uraille naturelle 011
al tificiell e, située sur un éperon rochcux au confluent de deux cours
d'eau, d'otl l'on domin e le cro isement des va11ées et débouché des
pi stes. Il ne semb le pas que l'occupation de <.'C genre d'étahlissements ait été permanente. Les ruines de maisons y sont peu nOlnbrcuses, disséminées en petits groupes auprès des points d'eau ou
dans la partie la plus facile li. défendre. A La Vj{/a (1), près de Solosallcho~ (Avila), c'est ù peine si elles s'étendent su r un cinquième
de la supe rficie totale gu i est de 38 hectares environ . Ces vastes enceintes apparaissent bien plus comme de vastes camps de refuge ('n
cas d'i ncursion de l'ennemi, ou mieux comme des sortes de haltes
échelon nées su r les chemins de transhumance. On remarque en
effet Que presq ue tous ces établisse ments son t si tués sur l~ grandes
pistes suivies de toute antiquité par les pasteurs et leurs troupeaux .
Les vastes espaces couverts de p:Jturages, sans aucune trace de construction s, qui s'étende nt derrière les mur:li ll es, éta ient certainement
destinés au pacage des animaux. II n'est pas jusqu 'au plan des misérables cases, dont les pièces s'o uvrent sur lIne co ur intérieure plutôt
que sur une gra nde salle, q ui ne rappellc le caractère pa sto ral de ces
statio ns. Elles ne so nt pas égalemen t sans présenter cert aines analogies avec les ventas contemporaines éparpillées dans les régions de
transhuma nce . Camps de refuge et ga l/aderias, tel le nous paraît être
la destination d'un très grand nombre de citallias.
Totalement différentes son t les bourgades fortifiées de l' Est et
d u Sud-Est de la Péninsu le. Grâce aux fouilles exécu tées dans les
ru ines des vi llages pré-romains situés aux frontiércs des a nciennes
provinces de Catalogn e et d'Aragon (arrondissements de CaseTes,
Calaceit et Maçalio) (2), aux exp lorati ons des stati ons de Meen (3)
1
(1) R. LANTIER et H . BREUn., cVillages prél'omains de la Péninsule ibérique. l , La Villa., dans cRevue archéologique •• 1930, 1. p . 209-216.
(2) P . Bosch Gl.mpera, cCampanya. arqueologica- de l'Institut d'Estudls Cata·
lans a l IImJt de Catalunya. 1 AmgôI. dans cAnuarl de l'Institut d'Estudis Gnta!an&ll, 1913-1914. p. 819-836: «Les escavaclons en el BaIx Araga •. dans ibid ..
1915-1920, Vol. VI, part n . pag. 642·6'11; «La cUl~ura lbérica. dei Bajo AI"a.g6nJ,
ExpoalciO internat. de Barcelona. 1929.
(3) J . Zua~n y Palaciœ, «Mœn», 1 vol . in·8.0. Madrid, 1916.
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VILLA GES PRERO.'I\.\ INS DE LA PENl t: SULE I Bf.R1QU€
17
et du Tolmo, il est facile de se rendre compte de' l' importance e~ de
la situation de ces villes primitives (1).
Posées su r u" éperon rocheux (Meca), perchées sur un ce-rro
it;olé dans la plaino (Le Tolmo), ou su r une colline (Los Castillares), elles occupent généralement une position stratégique importante. Le sommet de );1 tII cscta sert d'assiette à la vi ll e ou ~ 1:1 bourgade. Les ruines témoignent toutes d'une occupation permanente.
Véritables citadelles, échelonnées le long des principales voies de
communication, elles ont pour mission de surveiller le passage et
de protéger les établissements agricoles épars dans la plaine. Le
Tolmo est un des exemples les plus intéreSS:lnts de ces stations.
A Nr/llrmlee, on découvrit des étables, situées au pied du cerro
de G:uray. Au Tolmo, dans la plaine de Minateda, en face des maisons de La Horca, sur de petites éminenccs domin
;IlIX ressources naturelles ct il la culture des terres grasses de la plaine. Dafls les champs qui s'étendent entre les deux petits Tolmo!, de
îlombreux silos so nt destinés à recueillir les céréreales. Enfin sur le
To/mo et le petit Tolmo, à la périphérie on voit de nombreux moulin s et des presses ;) huile ou à vi n. La bo urgade que nous étudions
lJar;IÎt dès lors comme un oppidum à population fixe faisant partie
d'un ensemble d'établissements agricoles dont il ass ure IJ protection.
Le Tolmo et les deux petits cerros voisins forment un ensemble
défensif qui ne diff~re des grand es cités de NI/m(mec et de Mectl que
par les dimensions sensiblement plus restreintes. Isolé:1 l'une des
extrémités de la campagne qui s'étend li ses pieds, c'est un observaloire admirable d 'où il est facile de surveiller tout le p:lys environnant. L po pulation qui occupait cette importante position stratéAI
gique tenait fortement l'un.:! des deux routes qui mettent en communication les plaines de la Manche avec les rivages de la Méditerra née.
L'isolement de ce bloc IOcheux, l'escarpement des versants dressès fi pic au-dessus de la vallée, en font une position facile à défendre Les trilces de fortification que nOliS avons pu relever ne sont
pas nombreuses, mais- présentent de gra ndes analogies avec les p rocédés employes ordinairement par les I bères. De même qu'à Meca,
partou t où l'escarpement des pentes est suffisant pour empêcber
P. Waltz, «Trois villes primitives nouvellemcn~ exploréeS», dans lu «Re·
des Études Anciennes», IX, 1900, pag. 346 et suiv.
(l)
vue
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18
RAYMOND LANT1ER ET HEN:?l BREUIL
Ioule surprise. on n'eût recours il. aucun moyen accessoire de défense C'est ce qUÎ explique Qu'on .. it retrouvé aucune trace de muraille
d'enceinte. Seul le ravin d'accès est barré ptlr un double mur (PI. V,
Ilg. 1), cOllJmandé lui-même par une sorte de hast ion Il:llurel dont
la p:lrlÎc supérieure a été ap[;mÎe pour servir de b:lsC à une tour
;H1jourd 'huÎ disparue (Pl. V, tig. 3-4). F:iisant s:ms donte partie du
même ensemble défensif, un fortin, en partie construit cn bois, formait une sorte de réduit à soix~mlc mètres environ en arrière de la
tour. De semblables dispotifs onl été rencontrés à MeC(!: la gorge
si tuée en facc du Umm de A}'ora cst fermée par une double mumÎIle cl un fortin défend la bréchc :lftificielle, séparant le plateau où
s'élève la ville, de la montagne voisine,
Au 1'011110 ct au petit 1'0/1110, on retrou\'c le dispositif d'escaliers
naturels ou pratiqués de main d'homme (Pl. V, fig. 5) Qui dans les
stations ibériques de Catalogne permet de gagner 1:1 partie supérieure du platcau . Ces escaliers très r:lpides et très étroits, pouvaient
facilement, en cas de surprise, être obstrués par des q uartiers de roch'e. Ils sont encore utilisés pour monter aux différentes plateformes
:1 l'intérieu r de l' oppidum. En résumé le système de défense qu' on
entrevoit dans ces établissements repose uniquement su r t'utilisation judicieuse de moyens naturels ct la co nstructio n n'intervient
Que pour les renforcer ou y suppléer.
l,cs monuments proprement dits ne sont pas nomhreux Depuis
longtelllps, les ruines ayant servi de carrières aux habitants de villages voisins, la plupart des édifices ont disp:ITlI ou sont dans un tcl
état de délabrement Qu'il est presque foujous impossible d'en rcconnaître le plan et encore moins la destinfltion.
Au pdit To'mo.. sur le rebord orient:11 et vers le centre nous
avons décelé l'existence d'une construction de dimensions considér .. bles dont l'un des angles est demeuré en pl:!ce. Ce d.::rnier est
constitué par un pan de roche verticale dressé, form~lnt. la paroi du
Sud ct façonné sur place (pl. lIT, fig. 2). Plusieurs très grands blocs,
verS le midi, y ont été ajoutés:I angle droit. L'ensemble a un aspect
franchement mégalithique.
Au 1'o'mo, un édifice pré-rom .. in :i plusieurs salles, dont la parlie septen trionale seule restée debout, voisine avcc d'épaisses murailles dc construction vraisemblablement romaines.
L' état dans lequel on rencontre les ruines de maisons n 'est malheureusement pas plus satisfaisant. Des murs s'éleva nt :! peine de
Quelques centimètres au-dessus de niveau du sol, des lignes de blocs
dressés qui furent les chambranles des portes ou les angles des mutailles, voilà tout cc qui reste aujourd'hui de ln bourgade ibérique .
•
-
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VILLAGES PRERO.\\A1NS DE LA PEN INSUIJE lBF.P.IQ UE
19
Les ruines d'habil:ltions sonl groupées IIU Talma, clans la partie
Nord-Est, nu centre de hl mcst'/a ct ~ l'extrémité méridionale. Au
Petit Tolm o. on les rencon tre sur les différentes banquetles et IIU
( erra de la Torr ecita dans le voisinage des habitations modernes.
Mnis nulle part, il n'est f;Jrile de retrouver le plan de l'aggloméralio n primitive. Cependant, il semble que, dans la partie orien tal e
du Tolmo, l'ensemble des construc tions ~1Î( formé des rues paralléks orientées Est-Ouest. C'est cc que l' on peut conclu re cie 1<1 direc.
lion des lignes de stèles dont nOlis venons de parler.
L'ensemble de ces cases peut sc classer en deux groupes d'après
le mode de construction. Les plu s nombreuses ont un plan recta ng:ulaire ct se composent généralement de plusieurs pièces. Un exemplaire assez bien conservé du petit Tolmo mesure douze mètres de
longueur sur quatre de [:1rgeur et comprend deux pièces l'inégales
dimensions . Sur l'un des petits côtés s'ouvre une logette d'un mèIre cinqu~mte. I.es muraill es sont f:lites d'une double paroi en pierl'CS sèches dont l'intervalle est rempli par un blocage de lerre ct de
petits cailloux. De place en placc, de larges d:1l1es pl:1tes, de la lar/.leur de la doubl e mu raille, assurent 1:1 cohésion des matériaux. Il
semble que la majorité des maisons situées e n dehors de la banquette rocheuse du grand 'l'olmo :lppartiennenl all même type, qui
n'est pa s sans prése nter cie grandes ana logies avec les caSl!S décoll vertes dans les fouilles de Numance.
Le second groupement est constitué p:1r des m}lisons, entièrement
ou en p:lrtie ent aillées dan s [a bordure rocheuse de l:1 llIC.~cta. f ,c
plan est loin d'ê-tre :tllssi régulier que dans les édifices précédents.
Souven t on ne distingue qu'une seule pièce, deux tout IIU plus sé·
p;lrées l'une de l'autre par un petit mur en pierres sèches. Une mai so n de plan assez curieux :1 été explorée par nous au cerro de La
Torreciill. Elle est entaill ée dans la roche ii une profondeur d'envi ron soixante centimètres et se compose de deux corps de biÎtiments.
[.'un d'eux est presque reCI:lngu[aire et communique avec une pièce
.:a rrée située sur le côté. Celle-cÎ est précédée d'une snlle semblable
"
de deux mètres de largeur environ. Un mur de pierrai11es aujourd'
hui disparu, fermait le eôté extérieur de la grande pièce rectangulaire par laque!le il semble que l'on devait pénétrer dans l'habitation. Des maison s modernes édifiées sur l' emplacement de la consIruclion nous ont empêché d'en relever le plan exact.
Il faut rattach er à cet ensemb le un certain nombre de billisscs en
bois totalement disparues e t qui n'ont laissé d'autres traces Que les
trous cresés dans le sol pour recevoir les madriers.
A la tête du ravin d'accès, un peu en arrière de ['édifice pré-rQ-
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20
RAY"\OKD LA:-niBR ET HENRi BREU IL
main de forme triangulaire, un gr
1)
grou pés ct creusés à même le roc, qui p:l raisscn t ~l\ro ir été des ma ngeo ires. J,a présence, constatée cn certains cas d'annc;lux perforés
dans [a bordure rocheuse pour att:lc her un animal, ne laisse aucun
doute sur !
De très nombreux vestiges de rlwngcoircs ou de bass ins dest inés
:'t :Ibreuvcr Je bétail on t été ret rouvés sur 1 bordure exté,Îe ure des
;1
cerros. Génér:d ement CC!! excav:l! iorls sont creusées ~ mê me le roc.
Il n'cst pas rare de rencontrer des traces d'anneaux d'a tt ac he sem "
blables i't ceux du ravin. La profondeur de ces ma ngeoires ou abreuvoirs varie en tre vingt ct tren te centimè tres ct leurs dimen sions peu vent parfois :.ltteindre I m ,50 sur Jm , lû.
I l est à remarquer que ces mangeoires de même que les citernes,
moulins ou pressoi rs que nOLIs avons découverts, sont toujours situ és sur le rebord des ceT/OS 11 y avait là dans l'antiq uité u ne suite
de bâ.timents d'exploi tation agricole , étahles, pressoi rs, mo ulins
aujourd'hui disparus, très nettement séparés de l'espace occupé par
les hab itations de la bourgadc.
Sur [a banqueue rocheuse, parmi les rui nes des ma isons, on
aperçoit de place en place de profo ndes exc:l\':lIions su r la significati on desquelles on n'est p:IS encore fixé. C'es t l'une des caractéristiques de ces établissements pré-romains. Elles ont pu indifféramment servir de citernes ou de silos pour co nse rver les grains. Celles
du 1'0/"/110 ne difîérent pas de celles rencontrées à lIfeca. Ce sont d e
p rofondes cavités à étroite ouverture qui vont en s' élargissant dès
qu'ou a atteint 1" croûte argileuse qu i forme la masse interne d u
t:crro . Ce son t de véritables chamb res souterraines . NOliS n' avons
pu ma lheureusement, fau te de temps et de moyens m atériels, explo rer l'un de ces silos, au jourd'hui entiérement comb lés. Dans un certilin nombre de cas, le rebord extérieur de· ces cavités étai t entaillé
s ur une vi ngtaine de centimètres de largeur de façon à forme r une
;ainure dans laquelle venait s'emboîter un couvercle de bois . L 'une
d'elle, situé~ dans la partie No rd-Est du To/m o, montre deux peti tes e ncoches de chaque côté du rebord entai llé pour l'encas treme nt
des pout relles d u couvercle.
Quelque soit la destination préc ise de ces excavat io ns, il n'en
reste pas moi ns qu'on obsef\'c :l la s urface des ccrros les traces de
canalisations qui témoigne nt du souci qu'avaient les hab itan ts de la
hourgade d e recuei llir, avec tout le soin possible, les eaux de ru is-
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VlLLAG'ES
P~ERO:rtArNS [)E
LA
PENrNS U ~ . rBERrQl'E
21
selJement. Le cas n'est pas douteux pour deux larges rigoles qui
viennent se déverser dans un bassin rectangu laire de un mètre sur
quarante centimclres, ;IU cerro de La T orrecila. Toutefois. il faut
agir avec beaucoup de prudence da ns l'interprétation de ces canali sa tions, un grand nombre sc trouvant d:ms le voisinage de pressoirs
o nt pu servÎr uni qucmenl à recueillir les liquides obtenus par ces
appareils.
Ces pressoirs (pI. VI, Hg. J, ct VII, fig. 1-4) rencontrés en plusieurs points de la périphérie du petit 1'01,110 el du Tolmo sont
dssurément la trouv:1ille la plus intéress:1n te qu'il nous à été donnée
de faire dans cct établissement. Les spécimens que nous avons ren contrés rappellent les modèles découverts dans la région méditerranéenne .
A même le roc, on prépare une surf:Jce plane qui sert de table au
pressoir. En son milieu sc creuse une rigole ci rculaire. à l"intérieur
de laquelle s'inscrivent six petites rigoles disposées en étoiles, tou tes abo,!tissant il un bec co mmun d'écoulement. Le bassin Que l'on
trouve généralement dans ces sortes d'appareils manque ici. Le
premier écrasement des olives une fois obtenu, les résidus étaient
enfermés dans des couffins ou des sacs de toile et soumis ,1 l'action
de la presse. Le pressoir que nous décrivons était actionné au moyen de deux leviers prenant leur point d'appui dans les deux encoches pratiquées en lirrière de la presse. La pression était obtenue
par des blocs de pierre dont on chargeait les leviers de bois.
La figare 3 de la planche VII montre une presse semb lable . La
table du pressoir est entaillée de rigoles disposées en palmettes in scrites dan s une conduite circulaire, toutes aboutissant ~ un bec
commun de déversement. La figure 4 présente une table de pressoir
d'un modèle plus simplifié: dans une sorte de cuve rect:lngulaire
trois rigoles sont disposées en éventail ct viennent sc déverser dans
un petit canal d'écoulement. Dans la même catégorie, il faut placer
une sorte de meule dormante, pareille à celle signa lée à El GllTce/,
par M. Siret (1): dans une caviti· hémisphérique de deux mètres de
longueur est creusée une grosse cupule, prolongée par une rigole,
mais sans aboutissement au bord"Qui se mble destinée à recueillir le
liquide obtenu par le pressage des fruits dans la cupule.
Enfin dans certains cas, 1:1 table du pressoir n'est entaillée que
d'une simple rigole en forme de coeur. Un certain nombre de groupes de petites cupules, entourées de canalisations creusées à même
(1) L. Siret. cL·Espagne préhistoriqueJl, dans .Rev. des questions sclentjftqUC5Jl, p_ 513. fig. 125. (Tirage a part).
-
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RAYMOND LANTlER ET HENRI BREUIL
I~ roc, peuvent également avoir servi de presses primitivc~ Les olives disposées dans des couffins ét.lÎent alors soumises :1 la preSSion
de grosses pierres sans .wcun moyen mécaniQuc. Nous avons vu lors
de notre exploration des ruin es, un pressoir :1 vin moderne dans lequel les raisins, entassés sur une I:Jrge dalle a rebords, ét:lÎent silllplement pressés p:lr une pl:lIlche supportant des qU:lrtiers de roche,
Les quatre moulins, dont les ruines se voient au petit Tolmo et
dans la hourg:lde principale, sont du même type que le IrapctllHl
romain, mais plus simplifié. T:lillés :1 lpême le roc, ils se composcnt
essentiellement d'une auge circulaire au milieu de laqtldle se dresse
une petite colonne destin'ée :1 supporter la meule. C'est le type classique du moulin :1 broyer les olives (Pl. VII, fig. 5, 8 y 9).
Si ['exploration du l'olmo ct des ccrros voisins a fourni de nombreux vestiges de constructions et d'appareils de toute nature, il
n'en est malheureusement pas de même pour le mobilier ~irchéolo
gique, Celui -ci est très pauvre, C'est;) peine si l'o n peul mentionner quelques monn.lÎes ibériques Irop fru stes pour pOl!voi~ être déterminées; une petite pince et une oreille votive de hronze. Sur
l'empl'lcemen t de la nécropole ibérique nous avons recueilli une
petite tête de chèvre en onyx hrisée.
P:1f contre les fragments de céramique ibérique peinte son! excessivement nombreux. On Jc~ rencontre ~ profusion dans le cimetière, principalement dans les silos d isposés au milieu des tombes ct
sur les pentes orient
pÎed; assiettes. Ces tessons sont parfois mêlés :1 des débris de céramique grecque ;1 fond noir et il des restes de poterie rOI1l
La plupart montrent une déeor
bipenne (fig. 2,,,, 12, 15, 16), Des lignes ondées se mélan.!:(ent ?t des
combinaisons de lignes brisées ct de cercles remplis de ponctuations
(fig. 2,,, 13). Le décor Aoral et végétal est largement représenté
(fig. 2.-, 6, 7, 8, Q, 10, 11, 14). Les animaux apparaisent sur plusieurs
fragmenh sous la forme d'oiseaux qui présen tent de grandes analogies llveL ceux reproduit~ sur les vases d'Elche (fig. 2.\ 3, 4, 5). L:l
figure humaine est rare, un torse est pCllt-être figuré dans le fragment n. ~ ] de la fig, 2,a.
Toute cette cér:lmique qui, par loi richeusse et la variété du décor
appartient au groupe du Sud de l'Espagne (provinces d'Alicante,
-
2M-
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vrLL,\GES
P~ERO,\oI.ArN'5
DE LA PEf'!f\SULE rBERIQUE
23
Murcie, Albacete) (1) est parfois revêtue d'un enduit rouge partiel
peint sur le noir de la pâte. Le plus so uvent clic est couverte d'une
teinte crème. Les trails cl peintures S'y superposent alors en rouge
ou brun rouge. Q uand les vases ont été recuits, la terre devient gr ise
e Lla peinture noirâtre.
Deux tessons appartiennent à un groupe différent, qui rappelle
celui d e NI/mat/ce. Le premier montre une tête d'animal fantastique, dragon ou lion, au cou percé de nèches attaqué par un cavalier. Les pattes antérieures du t:hev,,1 sont seu les visibles dans le
coin opposé (fig. 2.\ 17) le deuxième fragment porte une jambe de
c
tessons de poterie grossière de couleur grise, d:ms laquelle sont méI:mgés de petits gr
dans ces régions depuis les dernières années du V.lrne siècle avant
J. C. La présence de fragments de style numantin permet de faire
descendrc ces dates jusque vcrs le dernier quart du second siècle,
s'est-:i-dire jusqu'à la conquête romaine. A cette époque le Talma
a certainement suh'i les destinées des éfablissements VOISIOS, mars
son occupation ne cesse cependant pas avec l' arrivée des Romains.
On en a pour preuves la présence de murs cimen tés rencontrés en
divers points de l'oppidulli ct les débris de tuiles ct de briq ues roma ines, qui couvrent le sol des petits Tolmos ct des lomtJ.~ répandues dans la plaine. lis semblent cependant que les cerr)s furent
:lbandonnés en partie ct les habitants eontrnints de s'étab lir dans la
plaine de Minateda Le To/mo, à dater de cc jour, semble réduit à
un rôle purement jl;tratégique de gardien du passage et de surveillance des populations indigènes.
Le pillage des sépultures creusées dans le rocher des petits Talmas ne permet pas de leur :Iftribuer une date précise. li est hors de
doute cependant que ces inhumations appartiennent à l'époque ra(1) E. VARELA HERVIAS, «Ceram1ca. ibérica de El Tolmo de MJnateda»,
dans «ReviSta de archlv06, blblloteca.s y musoos», 1918, p. 382-391La presence des deux tessons à décor de type nwnantin, tend à prouver la
liaison entre le groupe oriental de la céramique ibérique et le foyer numantln.
Cette constatation est d'autant plus intéressante que M. P. Bosch Glmpera
(<
-
235-
[page-n-236]
RA YMOND I.A NT!E.R ET HENRI BREUIL
maine ct témoignent de l'abando n il cette époq ue des petits cerros
en tant qu'habi tat io ns. Ce sont des fosses rec tangul aires dont la largeur V:I en diminu:10 1 d'une extrémité il l'autre (Pl. VI, fig. 7, JO).
Quelques unes présen ten t cette particularité de porter ~ la h:lUteur
de la têt e une petite cavité rect~lllg ulair e destinée Il recevoir le vase
?t offrandes (Pl. 111 , fig. 4,5). Les sépu ltu res parfois isolées, sont
le plus souvent réu nies par grou pes de tro is, quatre ou ci nq (pl. IV ,
fig. 3, 4).
U n déblaiement méthod ique des ruines po urrait seul donner des
précisions su r l'impo rtance et la nature des const ructi ons romaines
des cerras. Toutefois , 011 n'y retrouve au cu n de ces aménagem ents
de caractère romain q u'on rentontre ;\ chaque pas sur l'em placeme nt de Numance.
D:lOs la plain e les ru ines romaines se superposent aux débris ibériques, do nt e lles sont parfois sépa rées p(lr une couc he de cend res.
Les établisseme nts rom:tins furcll! eux-mêmes détruits par un incendie . Au pi ed même du T ohllo, dans le jardin de la prop ri été de don
'José Serra, on a trouvé une inscription funéraire latin e ct les fragments d'un sa rcophage décoré de strigi les ct de petits perso nnages
d o nt les pieds seu ls so nt visibles. Des stèlés funéra ires décorées de
rouelles avec rosace centra le su r les cô tés o nt été recueillies sur le
même emp lacement.
Aucun ind ice certain ne permet de con naître la dalc ù I:lquelle il
faut pl:Jce r la ruin e définitive de la bourga de. Si tuée sur l'un e des
grandes routes qui mellent en communication l' intérieur du pa ys
avec la Méditerranée, ellc était sur le che min des invas ions qui désolèrent la Péninsule :1 part ir d u I V3 me siècle après J. C. E lle fut
ucupéc par des groupes wisigothiques c t arabes q ui ont laissé des
traces de leur passage au Tof.mo. Parmi les ruines, on a recueilli
plusieurs dalles orn ées de la croix wi sigot hi que (pL VI, fig. 5) et les
restes d' un grand vase arabe décoré de mot ifs e n relief.
P;lr sa situation topographique auss i bien que par 1:1 disposition
générale c t l'amén agement intérieur des édifices, l'ense mble des éta bl isse ments dcs arias ct de la plaine présen te les pl us gra ndes analogies avec les nombreux villageS' ct bourg:l des ibériques àe la province d'Alba cete . C'était ['habitat de populations qui tiraient des
ressou rces du sol leurs moyens d'existence. L'oppidutll du T olmo
était il la fo is le centre éco nomique du pays ct le refuge où venaient
chercher protection les habita nts de la région. L:I, pro tégés par l'escarpement des pentes, s'abri taie nt les greniers :1 céréales et les pressoirs .) o lives.
Celtc disposition de m:lgasins ct d'industrie~ qui demandent une
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VILLAGES l'RËROMArNS M
LA PI'~NI!'IS U LE ISe: P.H}uoE
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installation fixe et ne se soucient pas de s'exposer aux hasards des
. brig:mdages ou de la guerre n'est pas particulière:. ta Péninsule, on
la retrouve en plusieurs autres points du bassin de la Méditerranée.
A Emporia (Calymnie), MM. Paton Myres (1) o nt exploré les rui·
nes d'une forteresse hellénique, contemporaine de l'oppidum du
T alma. Dans le principal enclos, on découvrit u ne presse à huile
a nalogo.à celles que nous venons de décri re . Le fortin, vu l'exigiiité
de ses dimensio ns 3v3il à peine pu servir d'hnbit:ltion ct avait eu
évidemment pour but principal la protecti on de l'huilerie.
Contre le rempart d'une enceinte tout.à.fait analogue, :1.Meulé.
ché (Carie), une huilerie antique a été découvl?rte (2). Ces trouvail·
les donnent également l'explication de ce rt3ines constructions de
la région de Sétif. A Guclt·Zerga, au sommet d'une éminence, un
ensemble de bâtiments de formc_ rectangulaire, mi-forteresse, mi.
· bârise rurale, abrite des presses à huile. A KllCrbct-err'ibha une ruiIle importante montre des dispositions ident iques (3).
La présence en Espagne d'établissements semblables (4) est d'un
grand interêt pour l'histoire de la civilisation de La Tèno dans le
bassin de la Méditerranée, C'est un exemple de plus en faveur de la
théorie de l'unité de coutumes ù cetle époque, des riv:lges de J'Asie.
Mineure au délroil de Gibraltar.
(1)
cAnn. Brit. Sch. Ath._,
xvm.
1898, p. 213, fiR. 5.
(2) s. CJ.a.strier, A, Guebhürd, P. Goby, cPresses et moUlins A hulle primitifs»,
Extrait du cBulielin de la SOciété Préhistorique de France_, Janvier 1910, p. 6;
F. Benoit, «Les pressoir à levier et contrepoids en Provence et en Afrlquell, dans
«Memoires de l'Instit ut historique de Provence», 1936, p. 106, et suiv.
Gn
«Recueil de la Soclé é archéologique de Constantine», 1900 et 1910.
(4) Des presses A huile semblables ont été trouvées également à la Périphérie,
dans le village Ibérique de CLoIi Castel1allSl1 (Crete51, en Bas-Aragon. P . Bœch
Olmpera, cAnuarl de l'Institut d'F.studis Catalans_, 192J.l926, 2, p. 79 et fig. 145.
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kAYMÙND LANTIE',R ET HENRI BREUIL
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VILLAGES l'RÉRO.\\AfNS 1);t LA PË-N1NSULE lB~RIQUE
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figura 2.&
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LA NTIER· BREUIL· (ILe
To l l1lo~.
LAMINA 1.
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3
2
4
Le TOlmo, à ,\\;n.tedJ (Alb.~ete).
1. VU" ,"n"role du Tolmo et des ce"os $Itellitu.- 3, L'une des sentes li.
dcgrè! menlnt 'U sommet. -3. L 'entrée principale par le Ylllon.---I,
t ... br"..,he du ,·.Ilon ct le mur de: défens<:
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LANTIER~ BREUIL~ ~ Le Toll1lo~ .
LAM INA II.
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3
Le Tolm G, li ." inlled.
(A lb.cel~).
1. LI fa lai;;e I II Nord-Esl.-2. les
sl~lcs
indiquant
1'c.I1l~lacemenl
-3, La muraill e Iran<'!vcrsa le, orionlée EsI-Que.l, su r le plaleau
des maisons
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LAMIN A .1I1.
LA.NTIER - BREUIL- eLe Tolmo».
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Le Tolmo, il Mi "alcd. (Albaecte). l , ILe . peti t Tohno. , "" e gén" .. le.- 2, Anglc de maison , 3, Esc~lier dt trois
morches,----4 .9, Sép" ltt1CCS entaillées dans It roc.- IO, Vu-e des stLleos de ml;$OnS, l U Tolmo
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LANTlER- BREUlL- . Le Tolmo •.
LAMI NA IV.
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2
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5
Le To!mo. il .'o\in.tcd. (AlhceTel.- I, Cerro de La Torrcci ... "ue [in .... alc. CerrO de La Torre~i t • • muraiUts anti'lucs dans les ~hlmpJ.
Cill. --5, L, ,pointe mêridioule du Tolmo •• '·cc
2. LI plainc entrc le TOlmo
Ct
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3-1. Sépulture.s emaîlt':es dons lc R"". l La Torre.
ent~iUes
de
:r.~isons
et de poutr. ges
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LANTlER- BREUIL- ~l,e TOIOlO&
.
LAMINA V.
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Le Tolmo. l ',\\in""do (,\ lboçe te). _ l, Mur de Mle!lse dU'"";n d·.cci:s.
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]-4, La tnur de dé fense .
Z. ,IIllr.llles
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5. Un .....,',. li cr .- 6. ·" "I"i ll cs clins le
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.u pie'\ de II
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LANTIER ~
8REUlL~ ~Le
Tolmot.
LAM IN A V I.
(Alb.cet~I,-·I. Pre8$oir.- 2. EntBil!~ d~ mlioJon._ l. Enc""h~s pour lu madriers d'une
preue li hu ile.----4. Entlille de ",aison .--5. frll:m~nt de stèle ,'isigothiQue,· 6, L'extrême pointe du Tolr"o , vue
La Tolmo , il. Minot"d.
Tolmo.-13, MoisODS
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LANTIER - BREU IL- ILe To lmo•.
LAMINA VII.
Le Tolmo, il ~\\inatcd. (Alblccte).--!-4, 8,9, l'res"oirs il huile. - 6, Moul;n.-Î, 12, 13, I~, Auges.- !().I~, Emai·
lies el cupule$
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